• Parc national de la Pendjari
    Joyau du Bénin

    Situé au nord de la falaise de l'Atacora, dans la boucle de la rivière Pendjari à 553 Km de Cotonou, le parc national de la Pendjari est un don de la nature pour le Bénin.

    Christophe D. ASSOGBA

    «Un joyau». Cette expression convient parfaitement au Parc national de la Pendjari, situé dans l'Atacora, au Nord ouest du Bénin. La beauté ineffable de cette savane soudanaise quasiment intacte, son isolement, ainsi que l'incroyable variété de ses plantes et de ses arbres, de ses insectes, de ses reptiles et de ses mammifères, font de ce lieu une destination fascinante.
    Ce «joyau» est encore à l'état pur. Il se trouve au cœur de l'une des plus vastes savanes humides de l'Afrique de l'ouest. Ce n'est donc pas là que vous trouverez beaucoup de restaurants, d'hôtels ou de boutiques de souvenirs. Seul signe, ou presque, d'une présence humaine : quelques postes de gardes forestiers, des tatas, chefs d'œuvre d'architecture de terre des populations qui peuplent la région et de longues pistes de randonnée, «le meilleur réseau de pistes de tous les parcs en savane en Afrique de l'ouest», selon un guide touristique.

    Une savane transformée en parc

    C'est dans les années 80 que l'on pense à transformer cette savane soudanaise en parc national pour protéger la faune abondante qui peuple la région ou qui y migre chaque année. Mais la tâche n'est pas facile. L'initiative béninoise est soutenue par les partenaires extérieurs. De plus, c'est dans la même période que les infrastructures du parc ont été construites.

    Un joyau aux mille et une facettes

    Le parc, d'une superficie de 266.040 hectares, soit 2750km2, abrite une grande biodiversité. On y trouve un écosystème dans laquelle pousse au moins 200 variétés de plantes et d'arbres. Le plus grand spécimen est le daniella : il mesure près de 20mètres de haut. Le spécimen le plus représentatif est le ximenia, il est encore connu sous le nom de balanite. De taille inférieure au rônier, variété de palmier, plus nombreux et typiques des bords de la rivière Pendjari qui a donné son nom au parc et au kigelia, espèce typiquement africaine reconnaissable à ses longues grappes de fleurs jaunes tubulaires et ses fruits gris, le ximenia est très apprécié des éléphants pour son feuillage facilement accessible. Les racines, écorces et feuilles des ces arbres sont utilisés en médecine traditionnelle.
    Aimez-vous observer les oiseaux ? Dans la Pendjari, vous serez certainement comblé avec les 280 espèces qui ne cesseront de vous enchanter. Le parc héberge la plus grande population d'ibis du pays. En vol, leurs couleurs magnifiques, illuminées par le soleil tropical semble laisser des traînées dans le ciel.
    Mais peut-être préférez-vous étudier des créatures un peu plus proches du sol. Pas de problème ! Le Parc de la Pendjari accueille de nombreuses espèces de batraciens et de reptiles, dont le varan, le plus prestigieux du parc. Animal de sang froid, on peut l'observer pendant «ses siestes matinales au soleil où il aime se réchauffer». Il a la réputation de disparaître dans la brousse dès qu'il sent la proximité de l'homme. Parmi les batraciens figure une grenouille transparente : si on la met sur une plaque de verre, on peut voir fonctionner ses organes.
    Vous pourrez également admirer quelques-unes des 217 espèces de mammifères qui peuplent le parc : éléphant, lion, guépard, hippopotame, buffle, hippotrague, waterbuck, cobe de Buffon, bubale, babouin, vervet, phacochère. Des variétés d'insectes sont aussi les hôtes de ces bois.
    Le parc de la Pendjari ne brille pas seulement par sa très grande biodiversité. Les amoureux de la pêche peuvent aussi y visiter la rivière Pendjari, long de 260 km, qui abrite le trésor marin et dont le lit recèle des espèces rares de poissons «aux formes et aux couleurs curieuses» ; ses berges très ombragées. Le paysage du parc est marqué aussi par des mares de Diwouni, Tiebiga, ou Yangouali et Bali dont les berges en pente douce couvertes de petits végétaux sont des pôles d'attraction pour les animaux. Pour ceux qui ont pour sport, la marche, les six principales pistes de la réserve sont indiquées pour les satisfaire à jamais.
    Comme tout site, le Parc national de la Pendjari a ses problèmes. Entre autres difficultés, confie un responsable du parc, outre la recherche continuelle de fonds et de ressources, l'absence de ressource humaine affectées pour le tourisme, l'absence d'infrastructures d'hébergement, la déforestation à l'extérieur du parc ainsi que le braconnage. Pour que le Pandjari continue à vivre, il faut impérativement que chacun de ces problèmes soit résolu dans un avenir proche.
    Le Parc de la Pendjari reste sans doute l'un des endroits du pays les moins détériorés. Tel un diamant que l'on aime pour sa beauté et pour son caractère éternel, ce joyau béninois enchantera certainement, dans les années à venir, des milliers de visiteurs pour qui la beauté originelle de la planète n'a de prix.

    Article publié dans Le POINT au Quotidien

    Christophe D. ASSOGBA
    Journaliste / Communicateur/ Analyste politique
    Tel : (229) 97648206
    e-mail : assochrist2002@yahoo.fr
    http://assogba.blogg.org




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  • Musée d'histoire de Ouidah
    Vestige d'un passé mouvementé

    Ancienne enclave portugaise, le musée d'histoire de Ouidah, est l'un des vestiges d'un passé très mouvementé au Bénin.

    Christophe D ASSOGBA

    Ouidah, la cité des esclaves à 41 km de Cotonou, est un pôle d'attraction pour les touristes. Que viennent-ils voir ? Le temple des pythons est plébiscité. En effet, la maison des serpents python draine des milliers de visiteurs par an, qui peuvent déambuler librement au milieu des pythons, le tenir à la main ou en faire un collier au cou, et admirer la beauté naturelle de ses reptiles de grand prix pour les Ouédah.
    Autres lieux magnifiques, la route des esclaves, la forêt sacrée de Kpassè. Toutefois, des touristes comme Joanne et Luis, étudiants français de l'art africain qui ont beaucoup lu les œuvres de Jules Verne, en visite au Bénin dans le cadre de la journée mondiale du tourisme, restent de marbre devant ces lieux-là, et leur préfèrent les hauts lieux de la culture dont Ouidah regorge : les musées.
    Il y a beaucoup de musées dans cette ville. Il faut séjourner sur place pour vraiment les visiter.

    Le musée des musées

    Le fin du fin en la matière est sans conteste le musée d'histoire de Ouidah, ancien Fort portugais de Ouidah construit en 1721, qui à vrai dire n'est pas un musée, mais des musées. L'un de ses édifices, le «Loge gardien», abrite aujourd'hui l'administration. Vous ne pouvez pas manquer de voir sa façade blanc vif quand vous foulez l'immense pelouse bordée d'arbres fruitiers qui s'étire sur des mètres.
    Quelle est la plus importante attraction du musée d'histoire de Ouidah ? Actuellement, c'est évidemment «l'une des dernière traces du commerce des esclaves au Bénin», selon Serge Rustico, guide touristique. Dans ses 13 salles, sur le bâtiment qui a servi de résidence aux différents gouverneurs, les pièces exposées, pour beaucoup suspendues au mur, retracent l'histoire angoissante et douloureuse de la traite des esclaves. Dans les salles à l'étage, on peut admirer les deux cloches de la chapelle du Fort dont, l'une servaient à appeler les fidèles, l'autre à annoncer la mort. A côté, vous pouvez voir divers objets que les marchands donnaient en échange des esclaves. Non loin, le coffre-fort des Portugais vidé à leur départ sur décision du gouvernement dahoméen le 31 juillet 1961 et la maquette du Fort français, rasé par les occupants à leur départ. «Si les Portugais avaient pris le soin de raser le Fort à leur départ comme les Français et les Anglais, cette mémoire du commerce des esclaves serait perdue à jamais», s'indigne Luis. Toujours à l'étage, sur les murs peint en blanc, sont gravés des tableaux : des coupes de navire négrier, de chaloupe, des scènes de rébellion et de suicide d'esclaves, les activités des esclaves au Brésil, les travaux des champs dans les plantations de canne à sucre.
    Le royaume du danxomè qui a participé activement au commerce des esclaves et dont l'histoire est en relation avec Ouidah n'a pas été oublié dans le musée. Une place de choix est accordée à la cité historique d'Abomey : tambour qui annonce la mort du roi, les recades qui selon l'explication donnée par le guide équivalent au roi, le trône du roi Ghézo, l'emblème des 13 rois qui se sont succédé sur le trône d'Abomey et le premier drapeau du Danxomè.
    . Dans la galerie «Salle du royaume de Savi», on peut contempler, avec amertume et regret, les chaînes qu'on passait aux mains, aux pieds et aux cous des esclaves et des tessons de bouteille de boisson (Gin) donnée en échange des esclaves. «Ces objets ont été retrouvés au cours des fouilles du palais de Savi par l'archéologue américain Kenneth Kelly en 1992-1993», indique Serge Rustico. «Ici, ajoute-t-il, c'est le couronnement du dernier roi de Savi et la cour du roi Houffon chassé en 1727 par le roi Agadja. Connaissez-vous le premier Ambassadeur du Dahomey en France ? Il s'appelle Dom Mathéo Lopès. Voici sa photo».

    Le vodoun

    Au rez-de-chaussée, certains Etats esclavagistes de l'Amérique Latine sont célébrés dans le musée à travers le culte vodoun. On peut contempler des photos de différents adeptes originaires de Cuba, du Brésil et de Ouidah, des statuettes vodoun, des figurines en terre cuite, des balais sacrés venus du Brésil qui servent à provoquer et guérir la variole, des plateaux de fâ, les « assins», les «bochio», statues qu'on place à l'entrée des maisons ou des villages pour chasser les mauvais esprits. La visite fait découvrir les différentes étapes d'un rituel vodoun. Le vodoun relève-t-il du secret ? Quelles sont les variantes entre le rituel vodoun au Brésil, à Cuba et à Ouidah ? Telles sont quelques unes des questions auxquelles la visite répond. On peut également admirer de belles photos sur la danse des carnavals au Brésil et au Dahomey ainsi que la photo du «plus fameux de Brésiliens », selon Serge Rustico, Francisco Félix De Souza Chacha Adjinakou enterré à Ouidah.

    La cour parle

    La zone de visite réservée au public englobe aussi la cour. Dans cette immense cour, vous apercevez la première chapelle de Ouidah fondée le 8 décembre 1858. «Les tout premiers chrétiens du Bénin ont été baptisés dans cette chapelle », déclare le guide. A droite de la chapelle, vous verrez le corbillard qui transportait les morts chrétiens catholiques de Ouidah. Ce corbillard qui garde toujours sa forme malgré l'usure du temps a été donné au musée par la mission catholique en 1972. A côté, il y a le monument des Portugais : au milieu, les 5 plaies de Jésus-Christ, tout autour, les 7 châteaux. A gauche, se trouve la caserne des soldats transformée en centre de documentation, en boutique et en réserve. Derrière cette caserne, vous déboucherez sur la cour où étaient parqués les esclaves sous le soleil et la pluie pendant 15 jours avant leur départ pour les Amériques. Au milieu de cette esplanade transformée aujourd'hui en centre artisanal, se trouve un puits creusé par les esclaves et restauré en 1967.
    L'histoire de l'esclavage est également illustrée par une ancre de bateau retrouvée à la plage de Ouidah et quatre tourelles rempli de pièces d'artillerie aux angles du musée servant de défense au Fort et particulièrement contre les esclaves récalcitrants. Sur le même site, derrière le bâtiment à étage se visite le plus vieux manguier de Ouidah : «300 ans révolus», à en croire le guide. On peut aussi admirer la beauté des anciens portails de l'enclave portugaise. Luis et Joanne ne cachent pas leur satisfaction. «Ce musée est une mine de trésor sur le commerce des esclaves. Ça me fait de la peine au cœur de voir à travers ces objets que mon pays a participé à ce odieux commerce», affirme Joanne, les larmes aux yeux.
    Les objets exposés attestent du rôle joué par Ouidah dans la traite négrière. Bien d'autres particularités du musée mérite que le visiteur s'y attarde, notamment les pictogrammes sur l'histoire de la cité et l'énorme secteur de recherche au niveau de l'ancienne caserne des soldats.

    Article publié dans Le POINT au Quotidien

    Christophe D. ASSOGBA
    Journaliste / Communicateur/ Analyste politique
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  • <?xml:namespace prefix = o ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:office" /><o:p> </o:p> Culture maraîchère à Cotonou
    Le gagne pain de certaines femmes

    La production maraîchère à Cotonou n'est pas l'apanage des hommes. Certaines femmes pratiquent cette activité et s'en sortent bien. Enquête.


     Christophe D. ASSOGBA
    Site de l'Agence de sécurité pour la navigation aérienne (Asecna) sis au quartier Houéhiyo dans le  13ème arrondissement de Cotonou. Il s'en va être dix-huit heures. Ce mercredi 24 mai 2006.  Le soleil aux rayons doux, comme à pareille heure, se fraye un  passage dans le ciel pour aller se coucher. A l'horizon, il forme déjà  un disque rougeâtre qui fait mal aux yeux au moindre regard.  C'est à cette heure  que Jeanne H., la cinquantaine révolu, jupe bleue, chemisette rouge, donne la dernière ration en eau à son périmètre de légumes. Elle transpire. De grosses goûtes de sueurs dégoulinent de son front. Imperturbable, elle  s'empresse de terminer l'arrosage de ses quatre vingt dix planches avant la tombée de la nuit. «Je m'adonne à cette activité depuis plus de vingt ans. Je cultive plusieurs variétés de légumes. La laitue, les choux et les carottes sont mes spécialités», explique-t-elle sans baisser les bras. A une centaine de mètre d'elle, Florence K., la quarantaine bien sonnée, pieds nus,  qui a fini d'arroser ses quatre-vingt planches,   profite des derniers rayons du soleil pour arracher  les mauvaises herbes de son terrain de culture. Elle est  aidée par une fillette de neuf ans qui se charge de les rassembler  dans une vieille bassine déteinte. «Moi, je  fais ce travail depuis que j'étais jeune fille.  Cela fait maintenant  vingt ans». Les parcelles de Florence et de Jeanne sont à plus de cinq kilomètres  de leur lieu d'habitation. Chaque matin, elles empruntent un taxi et arrivent à leur lieu de travail vers huit  heures,  pour y retourner dans la soirée, à dix-neuf heures.  Le site sur lequel  les deux femmes travaillent  est un grand domaine morcelé en plusieurs lots. «Nous sommes environ 70 femmes ici. Les hommes sont plus nombreux que nous. Chacun d'entre nous dispose environ cinquante planches. Certains en ont plus que ça», poursuit-elle. Cet espace de production maraîchère est un marécage qui au fil des années de production maraîchère devient petit à petit une terre ferme. Avant d'atteindre les parcelles de Jeanne et de  Florence, il faut accepter surtout en cette saison des pluies, de plonger le pied dans l'eau boueuse. Les deux femmes soulignent que le travail est difficile. «Ma plus grosse peine, dit Jeanne H., est  l'arrosage. Cela  fatigue beaucoup. C'est très dur. Il faut arrose au moins trois fois par jour». « En dehors de l'arrosage, nous sommes confrontés à la mévente. Il arrive que le planche de carotte  ou de choux qu'on vend d'ordinaire à 5000 francs chute jusqu'à 3000 francs», renchérit Béatrice D. qui  a sa parcelle dans le grand jardin (côté droit en entrant sur le site) et qui  exerce  aussi  cette activité depuis plus de trente ans. Le site de l'Asecna est organisé en coopérative. On compte environ cinq dans le centre. Jeanne, Florence et Béatrice sont membres de la coopérative «Mahougnou» composée uniquement de femmes (30 femmes environ). Les autres coopératives sont composées majoritairement d'hommes. Les femmes sur ce site ne cultivent pas les mêmes légumes. Certaines s'adonnent uniquement aux légumes feuilles (laitue, choux, persil, vernonia, poivron, crincrin, «gboman et fotètè» en langue fon). D'autres cultivent les légumes fruits (carotte, concombre, haricot vert, navet, betterave, courgette etc). Mais la plupart cultivent à la fois  les deux variétés de légumes. Malgré les difficultés auxquelles sont confrontées ces femmes, elles reconnaissent que c'est grâce aux revenus générés par cette «passionnante» activité, qu'elles arrivent à subvenir à leurs besoins et à élever leurs enfants. «C'est le fruit de ce travail qui me permet de manger et d'envoyer mes enfants à l'école. Mon fils aîné âgé de dix-huit ans est en classe de 2nde. Le benjamin  fait le Ce1», déclare Florence. Elle ajoute : «C'est avec les revenus de cette activité que mon mari et moi avons construit notre maison de Godomey (une banlieue de Cotonou)». Même son de cloche chez les deux autres femmes.
    «Je ne me plains pas»
     A l'instar de Florence, Jeanne et Béatrice, d'autres femmes, sur d'autres sites, tout en faisant face à des difficultés, gagnent leur vie à travers le maraîchage.  C'est le cas de Romaine G., installée sous les hautes tensions de la Communauté électrique du Bénin (Ceb) à Kouhounou Sètovi. La quarantaine,  cette femme est à la fois productrice et vendeuse. «Le terrain n'est pas grand pour produire beaucoup. Avec le peu d'argent que je gagne, j'arrive à m'occuper de mes cinq enfants. Je ne me plains pas. C'est à la mort de mon mari que j'ai commencé cette activité. Sinon avant, mon mari produit et moi je vends», déclare-t-elle. Cyprienne D., installée sur le site du quartier Cadjèhoun, travaille au milieu d'une quarantaine d'hommes. «Ce n'est pas du tout facile de travailler avec les hommes. Mais on fait avec. J'essaye d'éviter les problèmes en respectant les règles du groupe», affirme-t-elle. «Je travaille ici il y a plus de vingt ans explique-t-elle. Après moi, beaucoup de personnes sont venues s'installer.  Je dispose d'une trentaine de planches. L'arrosage est ma plus grande difficulté. Je me fais aider par mes enfants les jours où il n'y a pas classe. Les laitues  et les jeunes pousses demandent beaucoup de travail. Tu dois les arroser trois à quatre fois par jours. La vente de mes produits me permet de faire beaucoup de chose». D'autres sites sont repartis dans la ville. Près de cent cinquante femmes sur plus de sept cent  hommes pratiquent la culture maraîchère, souligne un agent du Centre communale de promotion agricole de Cotonou (Cecpa). Selon l'ancien Vice-président du site de l'Asecna, Bernardin Tékodjina, le centre compte 334 maraîchers dont 72 femmes. La production maraîchère annuelle à Cotonou est estimée à environ  3629,69 tonnes sur une superficie emblavée de 31,50 ha. «Mais cette production risque de diminuer en raison de la  pénurie des terres due à la poussée urbaine c'est-à-dire à l'extension des zones bâties, à une absence de politique de sécurisation des terres», explique cet agent polyvalent  du Cecpa.
    «Nous ne vendons pas vers l'extérieur»
     Les produits de l'activité de ces femmes approvisionnent les différents marchées de Cotonou et les localités avoisinantes. «Les clients viennent des marchés Dantokpa, Ganhi, Gbégamey, St Michel et autres.  Quelques fois, des clients viennent de Bohicon et Abomey pour venir acheter nos produits. Pour le moment, nous ne vendons pas vers l'extérieur. Les prix des produits fluctuent souvent. Actuellement, les planches de légumes «gboman» et «fotètè» coûtent respectivement  2500 f et 500 f», affirme Jeanne H. qui dispose  depuis quelque temps d'une moto-pompe  pour offrir la ration journalière  en eau aux légumes feuilles et légumes fruits. «Au contraire, ajoute-t-elle, les produits de Lomé et du Nigeria viennent nous concurrencer sur le marché. Ce qui fait que les prix chutent et la mévente s'installe. Si ce n'est pas les produits de l'extérieur qui envahissent de plus en plus le marché, nous serons plus à l'aise que nous le sommes maintenant. Il faut que les autorités nous aident pour que nos produits ne soient pas rejetés au détriment de ceux de nos voisins de l'Est et de l'Ouest».  Selon la responsable du Cecpa de Cotonou, Mme Virginie Assogba Miguel, ces femmes braves, par leur activité,  participent à la lutte contre la pauvreté et au développement du pays. «Leur activité, ajoute-elle,  est  très rémunératrice.  Elles gagnent leur vie avec cela. C'est des emplois ainsi qui sont créés. Depuis le 02 février 2006, cette activité est organisée en filière. Tous les maraîchers de la capitale économique sont membres d'une structure dénommée Union communale des maraîchers de Cotonou (Ucomac)». Mais, il faudra à ces femmes en particulier et aux maraîchers en général, des  subventions et des crédits  pour se doter en outil de travail performant et  accroître leur production.  
    Cet article a gagné le premier prix des meilleures productions de presse béninoise 5ème Edition
    2006 du Ministère de la Communication et des nouvelles technologies.
    Christophe D. ASSOGBA
    Journaliste / Communicateur/ Analyste politique
    Tel : (229) 97648206
    e-mail : assochrist2002@yahoo.fr
    http://assogba.blogg.org
     
       

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  • Manque d'eau potable à Loulè1
    «L'eau» de tous les dangers
    L'eau. L'eau potable fait cruellement défaut à Loulè1, un village sis à plus de 200 km de Cotonou. Les quelques rares points d'eau de la localité, on ne peut plus souillés, constituent un grave danger aussi bien pour les hommes que pour les animaux.

    Christophe D. ASSOGBA

    Loulè1, village situé à 2 km à l'Est de Dassa-Zoumé, cette grande ville du Bénin connue pour ses collines attractives et sa grotte mariale, haut lieu de pèlerinage annuel pour des milliers de chrétiens catholiques du monde. Samedi 30 novembre 2005. Seize heures. La chaleur est des plus intenables. Dans les concessions, les femmes s'affairent à leurs habituelles tâches ménagères pendant que des hommes élevaient les murs d'une église évangélique. L'eau en cet instant précis est plus que nécessaire. Nécessaire pour les femmes qui, en une longue file, se rendent à la pompe moderne installée par le service local de la Société national d'eau du Bénin (Soneb), à la place de la pompe manuelle qui était un véritable sport pour les femmes et un handicap pour celles âgées. Assiba, la première à déposer sa bassine, ouvre le robinet. Son geste ne trouve aucune réponse. Seulement, un bruit, mais qui n'annonce point d'eau. Pas m^me une goutte d'eau ne jailli du robinet. La pompe n'est pourtant pas hors d'usage. «Nous avons marre de cette pompe», se lamente une femme, un bout de chou morveux au dos. C'est ainsi tous les jours. Les deux robinets de l'arrondissement, l'un nez à nez avec le cimetière principal ne fonctionnent pas à plein temps. Colères des défunts ? Nappe épuisée ? Rien de tout cela. Quoi donc ? Les femmes ne savent pas. Mais du coup, des déboires pour les 3500 âmes de Loulè1 ou boire de l'eau, de l'eau potable est un casse-tête chinois. Presque aucun puits dans le village. Ceux qui existaient ont tari au fil des années. L'architecture physique du sol, dur, rocailleux et parsemé de petites collines constituent en soi une entrave pour le forage des puits. «Il est difficile de creuset des puits dans le village. Le sol est très dur et pour trouve la nappe il faut creuser des dizaines de mètres», affirme Ignace Kossoun, chef d'arrondissement. Difficile donc pour ces âmes qui vivent dans la misère. La souffrance liée à la recherche de l'eau constitue le lot quotidien de ces habitants. «Le mos dernier, nous avons fait dix-huit (18) jours sans voir la couleur de l'eau de pompe», a confié avec une pointe d'indignation et de déception le sieur Paul Editchom, un natif du village rencontré sur les lieux.

    Eau souillée

    En cette période de saison sèche, de chaleur ; ou l'harmattan annonce ses couleurs avec des alternatives de froid, les habitants de cette localité, pour pallier le manque d'eau ne se torturent pas la tête. Contraints et tenaillés par le besoin en eau, ils jettent leur dévolu sur les plans d'eau qui n'ont pas encore tari. «Nous buvons l'eau des marigots», déclare un villageois. «C'est même devenu une coutume pour nous de boire l'eau des bas-fonds et étangs piscicoles», renchérit un autre visiblement satisfait. Ainsi, en groupe, dans un bavardage interminable, femmes mères et enfants bravent distance, chaleur, fatigue et autres risques pour aller loin dans la brousse puiser de l'eau. Pour aller dans ces points d'eau, ils empruntent des sentiers tortueux, gravissent parfois de petites collines. Au retour, cette eau dans des bassines renflées, décolorées, des bidons est utilisée pour faire le ménage. De temps en temps les hommes viennent aider les femmes en chargeant les bidons sur les bicyclettes. Si des cérémonies coutumières ou des fêtes religieuses pointent dans la période, elles s'en servent aussi pour la cuisson des aliments. Le comble, c'est que sur ces eaux poussent des nénuphars et autres plantes aquatiques qui ne cessent de dégager une odeur pestilentielle. Qui plus est, ces eaux sont le plus souvent chargées des pesticides de nitrates ç cause de la proximité des champs de maïs, de riz, de coton. Aucun doute. Ces plantes bénéficient de l'utilisation parfois abusive des pesticides et des engrais pour leur croissance harmonieuse. En dehors de cela, ces plans d'eau constituent des bassins privilégiés où femmes, jeunes filles, et enfants rabougris, aux visages ridés par la misère viennent hebdomadairement faire la vaisselle et laver leurs loques ; où même les quelques rares bœufs des éleveurs peuls, viennent s'abreuver. D'après les populations de Loulè1, des offrandes aux fétiches sont faites aux abords de ces marigots pour conjurer les mauvais sorts ou implorer la bonté des dieux tutélaires et des ancêtres. Les produits utilisés (huile, sang d'animaux immolés), se retrouvent dans les eaux à la faveur des pluies. Au bout du rouleau, les habitants contractent des maladies microbiennes.

    Maladies

    En cette période, les gens de loulè1 sont la proie de nombreuses maladies. Leur santé est constamment menacée. «Nous recevons beaucoup de malades de ce village. Ils souffrent le plus souvent de la diarrhée, et font des vomissements. Les enfants surtout», a affirmé Ernest Balaro, infirmier à l'hôpital de Dassa. A cela s'ajoutent d'autres affections d'origine hydriques comme la bilharziose. «La plus grave maladie dont souffrent les habitants de ce village est la dracunculose. Elle affecte les femmes», ajoute-t-il. Selon Paul Editchom, elle a tué beaucoup de personnes cette année. «J'ai même perdu une de mes épouses à cause du temkoko vers de guinée en Idaasha langue de la localité», a assuré Samuel, le cultivateur, la voix crispée et chargée de douleur. Ces maladies accroissent la misère et la souffrance de ces âmes qui ne dispose que d'un petit dispensaire pour les soins primaires. «Nous voulons boire l'eau potable comme nos frères qui sont à Cotonou. Nous souffrons beaucoup. Nos enfants sont tout le temps malades. Nous voulons des bornes fontaines à défaut des robinets pour chaque famille», plaide Samuel croit toujours pouvoir boire un jour de l'eau potable dans son village.


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  • Construction d'infrastructures publiques au Bénin
    La vache à lait des corrompus
    <?xml:namespace prefix = o ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:office" /><o:p> </o:p>Modification de plans, réduction d'épaisseur du bitume, sous- dosage du béton, mauvaise qualité du matériel de finition...Les pratiques frauduleuses caractérisent de plus en plus les travaux de construction d'infrastructures publiques au Bénin.  Les structures de contrôle ferment les yeux.
    Christophe D. ASSOGBA
    <o:p> </o:p>Alain est entrepreneur en génie civil. Chaque année, c'est plus de 15 millions de francs Cfa de revenus qu'il gagne dans les travaux de constructions de routes et d'écoles. «Je gagne beaucoup d'argent maintenant, se réjouit-il. Si on fait les choses dans la transparence je n'aurai jamais eu tout cet argent pour mon entreprise». Au Bénin, les projets de construction d'infrastructures sont le plus souvent mal exécutés. La grande partie des fonds alloués pour les travaux passe dans les poches des responsables du projet. Beaucoup de personnes profitent de l'argent du contribuable béninois et des partenaires au développement. En fait, les entreprises qui gagnent les marchés sur la base des appels d'offres ne respectent pas à la lettre les cahiers de charge. Si les travaux ne sont pas abandonnés, le plus souvent, ils sont mal exécutés. Les plans des bâtiments sont le plus souvent modifiés. Le béton sous- dosé. Quand il s'agit d'une route, l'épaisseur du bitume est réduite. Parfois de moitié : de 5 cm normalement à 4 ou 3 cm. Donc des millions de francs empochés. «Le prix de cession des marchés chez nous est insuffisant. Il faut rattraper. Pour la construction d'un centre de santé, c'est au moins 120 millions qu'il faut, mais on nous vend cela à 85 ou 90 millions. Voyez la différence. Donc, nous sommes obligés de voler dans le béton et autres», avoue Alain. En outre, les matériels de finition sont de mauvaises qualités. Après quelques mois d'usage, ils lâchent. Il faut changer ou réfectionner. Les planchers des immeubles, des écoles, des hôpitaux se fendillent, les toits, les plafonds coulent. Quant au goudron, il ne résiste pas sous le poids des charges des camions et autres gros porteurs. La route s'affaisse peu à peu. Conséquence : de multiples nids de poule. L'exemple des résidences MKII et Hassan II au campus universitaire d'Abomey-Calavi et du Boulevard de l'Europe à Cotonou sont patents. En bref, les infrastructures publiques réalisées à coût de milliards ne résistent pas à la durée. Où est donc le développement durable ?
    Impunité ne rime pas avec développement
    Le professeur Roger Gbègnonvi de Transparency International observe : «Tous les marchés publics sont des nids de corruption. Il faut payer quand on gagne. Celui qui a gagné un marché paye les 10% et fait les travaux avec les sous qui restent. Vous ne pouvez pas réclamer l'épaisseur du bitume. Ils réalisent ce qu'ils veulent. Si 5 ans après, il faut faire appel, on le fera et cela va recommencer». Même avis pour Martin Assogba, président de l'Ong Alcrer. «Il existe un grand fossé souvent entre ce qui est prévu dans le projet et ce qui est réalisé sur le terrain. Les responsables chargés d'exécuter les travaux font modifier les plans, ils corrompent les autorités sur toute la ligne pour frauder. Au bout du rouleau, le travail est mal fait. Plus personne ne pale». Yves, technicien en génie civil, explique : «l'entrepreneur négocie avec le bureau d'étude pour réaliser une épaisseur en dessous de ce qui est prévu et normal sans que le maître d'ouvrage chargé du contrôle ne sache. Parfois, celui-ci est aussi complice. Lorsqu'il s'agit d'un bâtiment, on aide le patron à voler sur l'épaisseur de la fondation et sur le dosage du béton. Au lieu de 20 cm on peut faire 15 cm». En général, les structures chargées du contrôle ferment les yeux sur ces pratiques frauduleuses et malhonnêtes. D'ailleurs, en l'absence d'un véritable contrôle, la pratique prend de l'ampleur. Les éléphants blancs sont là. Le comble, c'est que les entrepreneurs qui se livrent à ces vols sont fréquemment célébrés lors des cérémonies d'inauguration de ces infrastructures. Pourtant, le Code des marchés publics prévoit des sanctions pour ceux qui sont reconnus de pratique de corruption. Mais qui va punir qui ? Personne en clair, puisque tout le monde y bouffe. «Ces actes de mauvaises gouvernance, indique le professeur Roger Gbègnonvi, constituent un frein pour le développement du pays. Tant que le pillage des ressources des projets ne va pas cesser, le Bénin ne peut pas connaître un véritable développement». Malheureusement, ce sont les pauvres béninois qui payent le lourd tribut.    

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