• Rachidi Gbadamassi

    La descente aux enfers

    Après avoir été auditionné deux fois de suite dans l'enquête en cours pour faire la lumière sur l'assassinat du magistrat Sévérin Coovi, le maire de Parakou Rachidi Gbadamassi a été écroué. Depuis hier donc, le tout puissant président de L'Ancb est privé de ses libertés. Une situation qui à l'analyse peut être considérée comme l'amorce d'une déchéance certaine.

    Moudachirou SOUBEROU*

    ombé et la suLe baobab est tombée s'est exclamé un citoyen juste à l'annonce de l'arrestation du maire de Parakou Rachidi Gbadamassi. En effet auditionné par deux fois dans le cadre des enquêtes en cours suite à l'assassinat du juge Sévérin Coovi,, le n°1 de la ville de Parakou a été mis au frais pour les besoins de l'enquête. Ainsi depuis hier, le tonitruant maire des maires du Bénin n'est plus libre de ses mouvements ; il est incarcéré à la maison d'arrêt de Natitingou. Le fait en lui-même qui n'est qu'un début du commencement annonce une série de déboires pour celui-là qui est considéré comme un «intouchable» ayant échappé jusque là à toutes les traques. Privé de liberté en cette période, Rachidi Gbadamassi n'aura quà se mordre les doigts tant son planning d'activités est l'un des plus, chargés du,moment ;d'abord en tant que maire den la 3ème ville du pays, Rachidi Gbadamassiest très sollicité surtout du fait des crises latentes que connaît cette cité. Ensuite, l'homme à la tête de l'association nationale des communes du Bénin occupe un poste de responsabilité qui le met fréquemment au devant de l'actualité. Toujours dans ce même registre, Rachidi Gbadamassi s'est illustré au plan politique comme un véritable acteur de l'union pour le Bénin du Futur, une entité politique ayant fait ses preuves lors des élections municipales et législatives dernières sur toute l'étendue du territoire national. Son appartenance à l'Upr où il occupe l'une des vices présidence est très remarquable car à plusieurs reprises, l'homme est monté au créneau pour faire connaître la position de son pari sur des situations données. Toutes ces occasions ci-dessus citées ont permis à l'homme de se faire une position sur l'échiquier national ; mais avec son arrestation qui certainement durera dans le temps, c'est bien une chute libre qui est amorcée. En somme à partir de cet événement quelque peu malheureux, c'est la descente aux enfers pour celui qui il y a un moment se passait pour tout puissant le mythe de ce personnage sorti des toutes premières élections municipales est tite mérite d'être suivie.

    * Moudachirou SOUBEROU est journaliste politique et économique.

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  • Marché international de Dantokpa
    Quand de jeunes vendeuses tutoient le Sida

    En dépit de l'épidémie du VIH/Sida, de jeunes vendeuses ambulantes flirtent avec les conducteurs de taxi moto qui, chaque jour, stationnent aux entrées du marché international de Dantokpa.

    Larisse HOUSSOU *

    Il est 14h30 ce samedi. Une après-midi bien ensoleillée. A l'entrée du marché international de Dantokpa, entrée située sur le nouveau pont en quittant Akpakpa, de jeunes vendeuses ambulantes flirtent avec les conducteurs de taxi moto dont les motos sont stationnées. Des attouchements par-ci, des embrassades par-là. «Regardez ces jeunes filles et dites-moi si vous ne les trouvez pas attirantes. Toutes aussi jolies les unes que les autres», fanfaronne Mathieu, un conducteur de taxi moto originaire de Porto-Novo. Selon les dernières statistiques du Programme national de Lutte contre le Sida (Pnls), plus de 60% des personnes vivant avec le VIH au Bénin sont des femmes. Parmi les plus jeunes, la situation est encore plus grave: 76% des 15-24 ans vivant avec le virus sont de sexe féminin. Et pour le Pnls, le marché Dantokpa constitue une zone à risque. «Ne nous leurrons pas. Le Sida est partout. Et dans ce marché, beaucoup de choses se passent. C'est pourquoi, lors des campagnes de sensibilisation, nous ciblons d'emblée ce marché», fait remarquer le Dr Marcel Zannou, le coordonnateur du Pnls. Ce sont des milliers de personnes qui, chaque jour, circulent dans ce marché international. «Quand il fait chaud, nous nous reposons. Pour tuer l'ennui, nous tentons de séduire les filles qui se promènent dans le marché», explique Mathieu le conducteur de taxi moto, avec une pointe de fierté. Dans ce marché, la prostitution est exercée clandestinement par de jeunes vendeuses ambulantes qui cherchent dans ces relations dangereuses de quoi survivre. «Quelques pièces, parfois un billet... les filles se contentent bien souvent de ce qu'on leur donne», raconte Anne Dassigli, une revendeuse de pagnes du marché. Ces vendeuses ambulantes, bien souvent mineures, franchissent régulièrement la frontière et s'intéressent surtout aux conducteurs de taxi moto.

    «La situation requiert que quelque chose soit fait»
    Assise sur sa moto, Roland, un autre conducteur de taxi moto, observe:«Je suis un homme et quand une fille me plaît dans ce marché, je lui parle et je lui fixe un rendez-vous. Il y a beaucoup d'endroits cachés dans ce marché.» S'il assure connaître les risques de transmission du VIH en cas de rapport sexuel non protégé, il admet cependant qu'il n'utilise pas régulièrement les préservatifs. « Des fois, quand je ne trouve pas de préservatif, je fais l'amour sans me protéger», confie-t-il, précisant très vite: «Mais je sais reconnaître une fille de mœurs légères.» Roland n'est pas le seul à prendre des risques. Comme lui, Mathieu n'utilise pas toujours les préservatifs. «Des fois, on discute et quand vient l'envie de faire l'amour, on n'a pas le temps d'aller chercher des préservatifs», dit-il. Pour tenter de limiter les risques sanitaires que ce marché fait courir aux usagers, l'ONG «Sauver des vies» y mène des séances d'information et de sensibilisation sur le VIH et sur l'importance du dépistage. «Nous distribuons surtout aux conducteurs de taxi moto des préservatifs assez régulièrement pour éviter qu'ils en soient dépourvus et qu'ils aient des comportements qui peuvent leur être dommageables. Aux petites vendeuses ambulantes, nous leur conseillons d'exiger le préservatif avant tout rapport sexuel», souligne Eléonore Tachin, la coordonnatrice de l'ONG. Selon elle, si les jeunes vendeuses ambulantes et les conducteurs de taxi moto affirment être informés des modes de transmission et des conséquences que peut avoir le virus sur leur santé, très peu respectent les règles élémentaires de protection. «C'est une question d'argent, déclare dans un sourire Georges, un conducteur de taxi moto. La plupart des filles ne veut que de l'argent et si je décide que c'est sans capote, ce sera sans capote.» De l'avis du Dr Marcel Zannou, coordonnateur du Pnls, il y a énormément de travail à faire dans ce marché. «Il va falloir continuer avec la sensibilisation, dit-il. Car, l'utilisation des préservatifs n'y est pas encore répandue. La situation qui y prévaut requiert que quelque chose soit fait rapidement.» Mais quand... ?


    * Larisse HOUSSOU est journaliste spécialiste des questions de santé. Il est auteur de nombreuses publications sur le Vih/Sida, l'enfance malheureuse et le travail des enfants. Il est lauréat du prix RFI Reporters Sans frontières 2002 et du prix Nathalie Lorenzo 2006.





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  • Education
    Zoom sur le Réseau national pour la promotion et la scolarisation des filles

    Avec la reforme du système éducatif amorcée en 1990, la scolarisation des filles bénéficie d'une attention particulière de la part des autorités gouvernementales et des partenaires bilatéraux et multilatéraux au développement. En vue de remédier aux disparités de taux de scolarisation entre sexe et entre régions, il a été mis en place avec l'appui de l'Unicef et de l'Usaid, le Réseau national pour la promotion et la scolarisation des filles (RNPSF) en 1997. Ce réseau est doté d'un organigramme qui lui permet réduire les barrières à la scolarisation des filles de mieux suivre la carte nationale de la scolarisation des filles.

    Christophe D. ASSOGBA

    Au nombre des missions de Réseau national pour la promotion et la scolarisation des filles, il y a le développement et la coordination des actions visant à promouvoir l'accès, le maintien et la performance des filles à l'école. Il s'agit principalement de réduire l'écart entre les filles et les garçons sur le plan de la scolarisation. Le Réseau poursuit quatre grands objectifs qui se complètent à savoir, augmenter les taux de scolarisation en particulier celui des filles de façon durable et efficace, assurer le maintien et la réussite des filles à l'école ainsi que la coordination des actions pour la scolarisation des filles aux différents niveaux. A ces deux s'ajoute la création d'un creuset d'échange d'idées et d'expériences entre toutes les institutions mettant en œuvres des actions communes et le renforcement des structures locales participants au développement des localités à travers la sensibilisation des filles. L'originalité du Réseau est qu'il réunit le secteur privé, le secteur public et les partenaires internationaux au développement. Au niveau du secteur privé, le réseau travail avec les Associations des parents d'élèves, les confections religieuses, les Ong internationales et les opérateurs économiques. Au niveau du secteur public, le travail se fait avec les structures de l'administration territoriale notamment les ministères (éducation, Santé, Social). S'agissant des partenaires au développement, il s'agit principalement de L'Usaid et de l'Unicef, deux institutions ayant appuyé le gouvernement pour la création du Réseau. En ce qui concerne son organisation, le Réseau comprend une Assemblée générale, un Conseil d'administration et un secrétariat permanent. Lancé officiellement en 1997 par le Ministère de l'Education et de la recherche Scientifique avec l'appui de l'Usaid et de l'Unicef, le réseau intervient au niveau national dans 26 communes qui ont les taux de scolarisation les plus faibles. Dans les départements de l'Atacora et de la Donga, le Réseau mènent des actions dans les communes de Boukoumbé, de Copargo, de Cobly, de Matéri, de Tanguiéta, et de Kérou. Dans l'Alibori et le Borgou, le réseau concentre ses activités dans les communes de Kandi, de Malanville, de Banikoara, de Ségbana, de Kalalé, de Nikki, de Karimama, de Pèrèrè, et de Gogounou. Dans le Zou, il est présent à Ouinhi, Za-Kpota, Djidja. Dans l'Atlantique, le Mono et le Couffo, le Plateau et l'Ouémé, les actions du réseau s'étendent dans les communes de Allada, de Zè, So Ava, Lalo, Toviklin, Kétou, les Aguégués et Dangbo. Les principales activités développées dans ces zones sont la formation des acteurs locaux impliqués dans le secteur de l'éducation, le plaidoyer en faveur de la scolarisation des filles, la mobilisation sociale et la distribution de prix aux meilleurs élèves filles. La formation vise à permettre aux parents de mieux jouer leurs rôles dans la scolarisation de leurs enfants en général et de celles de filles en particulier. En 2001, le réseau a organisé au profit des parents deux sessions de formation à Parakou et Abomey sur le thème : «Planification des interventions de communication sociale pour la scolarisation». Ces ateliers ont permis aux bénéficiaires d'être en mesure de déterminer les besoins prioritaires de scolarisation des filles dans les communautés dont ils ont la charge. Du point de vue des actions menées, le réseau en partenariat avec des Ong a sensibilisé les Rois et Chefs de cultes vodoun en vue de leur adhésion à la scolarisation des filles. Depuis 1998, le réseau distribue chaque année des prix aux meilleurs élèves filles dans l'ensemble des communes qu'il couvre. Les prix sont composés essentiellement de fournitures scolaires (cahier, bic, livre, dictionnaires etc) et de tee-shirt avec des messages sur la scolarisation des filles. L'autre cheval de batail du Réseau est la violence sexuelle faite aux filles. Le réseau a organisé de nombreuses campagnes de sensibilisation pour combattre les abus sexuels en milieu scolaire. Ce combat a abouti à l'avènement d'un décret interministériel.....
    Le Réseau a aussi organisé le Forum national sur l'éducation des filles au Bénin. Il installé des comités communaux pour la promotion de la scolarisation des filles (CCPSF) sur l'Equité/Genre et les Compétences de Vie Courante (CVC). Le réseau a organisé les mères d'élèves en association (Ame) on compte aujourd'hui plus de 60 Ame dans le pays qui sont appuyées pour mener de Agr. Aussi a-il été organisé un tutorat et un répétitorat au profit des élèves. Malgré ses actions menées, tout n'est pas encore rose en matière de scolarisation des files au bénin. Il reste beaucoup à faire par le Réseau pour la bataille. Ceci passe par la vulgarisation des expériences réussies capitalisées, la mise en œuvre des activités du RNPSF, la coordination et le suivi des AME, tutorat du RNPSF, le plaidoyer pour la protection, l'amélioration du maintien et la performance des filles et la mise en œuvre d'autres projets de scolarisation des filles.

    NB : article publié dans le premier numéro de Education tribune, bulletin d'information du Réseau Béninois des Journalistes et Communicateurs spécialisés en Education

    ASSOGBA D. Christophe
    Journaliste / Communicateur
    Tel : 229 97648206
    e-mail :assochrist2002@yahoo.fr
    http://assogba.blogg.org

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  • Campagne électorale/ présidentielle 2006 au Bénin

    Les candidats mesurent l'ampleur du travail à abattre

    La campagne électorale actuelle est l'occasion pour les candidats de mesurer l'ampleur du travail qui les attend en cas de victoire de l'un ou l'autre.

    Christophe D. ASSOGBA

    La campagne électorale se poursuit. Du nord au sud, de l'est à l'ouest. Les candidats et leurs caravanes sont à la rencontre des populations des villes et campagnes. Ils sollicitent le suffrage des pauvres populations afin d'obtenir gain de cause dans cette bataille présidentielle. Les candidats vont se heurter à des difficultés sur le terrain. Le premier problème est l'accès aux localités les plus reculées du pays. Le Bénin profond n'est pas Cotonou ni Porto-Novo encore moins Parakou. D'ailleurs, même dans ces grandes villes, les voies sont impraticables. Dans les zones rurales, les routes le sont aussi surtout pendant la saison des pluies qui s'annonce déjà. Et les tournées électorales vont contribuées à encore les dégrader. On dit souvent que sans la route il n'y a pas développement. La campagne électorale va permettre aux candidats d'apprécier l'état des routes en milieux rurales et aussi l'état d'enclavement de certaines localités du pays. Les équipes de campagne vont sillonnées des régions presque coupées du monde. Aussi les candidats vont-ils prendre la mesure des difficultés quotidiennes des populations. Au fait la campagne va leur permettre de mesurer l'ampleur des tâches qui les attendent dès la prise du pouvoir. Certes les difficultés des populations rurales ne leur sont pas indifférentes puisqu'ils ont prévu des solutions dans leurs différents programmes de société. Ils seront conscients à travers ces descentes de terrain qu'il y a encore du pain sur la planche, du travail à abattre au pouvoir.

    Christophe D. ASSOGBA
    Journaliste/ Communicateur
    Tel : 229 967648206
    e-mail : assochrist2002@yahoo.fr
    http://assogba.blogg.org


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  • Temple des pythons de Ouidah
    Quand l'exotisme et le sacré attirent



    Loin de la brousse et des sentiers où l'on pourrait les voir errer, les pythons, ont élu domicile dans un endroit pittoresque et empreint d'une grande tradition. Imposant de part son architecture, le temple des pythons à Ouidah attire du monde.

    Kokouvi EKLOU

    Situé en plein cœur de la ville de Ouidah, juste en face des lieux même où la basilique Notre-Dame impose religieusement sa statue, le temple des pythons dont l'existence remonte à 1774, suscite curiosité autant à travers son caractère sacré que son exotisme. Ce matin du 15 Septembre, l'affluence est bien grande aux alentours de ce temple. Derrière cette enceinte dominée par de grands arbres, des enfants tapent, insouciants dans une balle usée par les incessants coups de frappe. Peints en rose, les murs du temple présentent des images de pythons aux allures diverses. Le calme des lieux est vite rompu par le vrombissement de moteurs de deux voitures qui s'immobilisent devant l'entrée principale. Un groupe d'enfants présentés comme les meilleurs de leurs écoles à Copargo, localité située à près de 500km de la Cité des Esclaves, descendent de ces véhicules poussiéreux sous la conduite d'un de leurs enseignants. Découvrir ces lieux dont la visite leur a été promise à la suite de leurs bons résultats en classe a de quoi les exciter. A la suite de ce groupe de vacanciers, trois touristes franchissent également le seuil du temple de ces reptiles considérés comme un totem du collectif des familles Houédah à savoir les familles Agbo, Zossoungbo, Adjovi , Dêh et autres. Une fois dans l'enceinte le visiteur se laisse surprendre par l'état des lieux. Personne n'aurait parié sur l'âge de l'immense Iroko qui impose sa taille dans cet antre sacré. Qui aurait imaginé que derrière cet arbre sacré sommeillent quatre siècles d'histoire ? Le guide, lui, en parle avec grande conviction et on n'est loin de remettre en cause ses explications. C'est aux abords de cet arbre que sont faits les sacrifices à la divinité que constitue le python. Le tissu blanc bariolé d'huile rouge ainsi que le dessin présentant une chèvre à immoler confère à ces lieux tout son sens. « Si vous voulez formuler des vœux, faites-le ici mais n'exigez que du bien, propose l'un des guides aux intrus » devant la case où sont faites les offrandes. Restes d'ossements de bœufs immolés lors de cérémonies traînent encore devant le seuil de cette case en terre de barre qui tient encore sur ses vieilles poutres. Tour à tour certains de ces jeunes élèves s'immobilisent devant l'entrée et après quelques vœux dits en chœur jettent quelques pièces d'argent dans l'intérieur sombre de cette hutte. C'est ensuite les cases de purification des adeptes nés sous le signe du python et de protection du temple que l'on découvre. Et aussi la hutte servant de magasin aux jarres sacrées « Zingbin » utilisées pour puiser de l'eau à la source sacrée pour la purification du temple. Tous les sept ans, aux dires des guides, 41 filles vierges sont commises à cette corvée d'eau.

    Python au cou

    Les visiteurs échouent finalement devant le temple même des pythons, un bâtiment en forme de calebasse peint en rose, qui la peur au ventre, qui l'impatience à peine contenue. Le plus jeune des guides s'introduit dans la pièce et en sort quelques secondes après avec un petit reptile à la peau bicolore. Aussitôt le groupe se disperse dans un indescriptible désordre. «N'ayez pas peur ! C'est un python, ça ne mord pas car ça n'a pas de dent ». Les fuyards se ravisent et retenant son courage, une fillette s'avance vers le reptile. Ce qui déclenche encore des cris dans le groupe de ses compagnons. Le python est mis à son cou. Une tradition du temple. Le petit reptile s'enroule autour de son cou et remue sa petite tête dans tous les sens. Certains ne se contiennent pas et détournent leur regard, craignant le pire. « Ca ne fait rien, c'est chic et glacé », confirme-t-elle. Chose qui est loin de persuader tout le groupe. « Moi je ne peux pas ; je ne suis pas dans cette affaire de serpent ». Ceux qui ont su garder leur courage pénètrent dans le temple et découvrent un nombre impressionnant de pythons entrelacés les uns aux autres. Ces reptiles que l'on vénère dans la région proviennent de la brousse ou sont ramassés dans les rues. Une fois dans le temple, ils bénéficient, vu ce qu'ils représentent pour la communauté des Houédah, de soins et peuvent aller et venir à leur guise. « Je suis impressionnée par ce site ; on voulait visiter Ouidah et on n'en sort pas déçu. C'est à la fois intrigant et exotique. Et faire plus de 10000 km pour retrouver ses racines ici me procure une sensation de bien-être » confie Louisa, hôtesse de l'air guadeloupéenne. Elle revient vite à la réalité quand l'un de ses compagnons lui murmure à l'oreille qu'un python lui lèche le talon. Elle s'arrache du petit groupe et crie à tue-tête. C'est un canular dont elle se rend vite compte. Les guides leur indiquent par la suite le cimetière où sont enterrés les pythons morts par vieillesse ou par accident. Le retentissement des cloches de la basilique Notre Dame à midi montre aux visiteurs la parfaite cohabitation entre l'église et le culte vodoun. Un tintamarre qui est loin de plaire aux chauves-souris qui claquettent du haut des grands arbres coiffant le temple.


    * Kokouvi EKLOU est journaliste Culturelle et économique. il est auteur de nombreuses publication sur des question de protection du patrimoine culturel béninois

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