• Manque d'eau potable à Loulè1

    Manque d'eau potable à Loulè1
    «L'eau» de tous les dangers
    L'eau. L'eau potable fait cruellement défaut à Loulè1, un village sis à plus de 200 km de Cotonou. Les quelques rares points d'eau de la localité, on ne peut plus souillés, constituent un grave danger aussi bien pour les hommes que pour les animaux.

    Christophe D. ASSOGBA

    Loulè1, village situé à 2 km à l'Est de Dassa-Zoumé, cette grande ville du Bénin connue pour ses collines attractives et sa grotte mariale, haut lieu de pèlerinage annuel pour des milliers de chrétiens catholiques du monde. Samedi 30 novembre 2005. Seize heures. La chaleur est des plus intenables. Dans les concessions, les femmes s'affairent à leurs habituelles tâches ménagères pendant que des hommes élevaient les murs d'une église évangélique. L'eau en cet instant précis est plus que nécessaire. Nécessaire pour les femmes qui, en une longue file, se rendent à la pompe moderne installée par le service local de la Société national d'eau du Bénin (Soneb), à la place de la pompe manuelle qui était un véritable sport pour les femmes et un handicap pour celles âgées. Assiba, la première à déposer sa bassine, ouvre le robinet. Son geste ne trouve aucune réponse. Seulement, un bruit, mais qui n'annonce point d'eau. Pas m^me une goutte d'eau ne jailli du robinet. La pompe n'est pourtant pas hors d'usage. «Nous avons marre de cette pompe», se lamente une femme, un bout de chou morveux au dos. C'est ainsi tous les jours. Les deux robinets de l'arrondissement, l'un nez à nez avec le cimetière principal ne fonctionnent pas à plein temps. Colères des défunts ? Nappe épuisée ? Rien de tout cela. Quoi donc ? Les femmes ne savent pas. Mais du coup, des déboires pour les 3500 âmes de Loulè1 ou boire de l'eau, de l'eau potable est un casse-tête chinois. Presque aucun puits dans le village. Ceux qui existaient ont tari au fil des années. L'architecture physique du sol, dur, rocailleux et parsemé de petites collines constituent en soi une entrave pour le forage des puits. «Il est difficile de creuset des puits dans le village. Le sol est très dur et pour trouve la nappe il faut creuser des dizaines de mètres», affirme Ignace Kossoun, chef d'arrondissement. Difficile donc pour ces âmes qui vivent dans la misère. La souffrance liée à la recherche de l'eau constitue le lot quotidien de ces habitants. «Le mos dernier, nous avons fait dix-huit (18) jours sans voir la couleur de l'eau de pompe», a confié avec une pointe d'indignation et de déception le sieur Paul Editchom, un natif du village rencontré sur les lieux.

    Eau souillée

    En cette période de saison sèche, de chaleur ; ou l'harmattan annonce ses couleurs avec des alternatives de froid, les habitants de cette localité, pour pallier le manque d'eau ne se torturent pas la tête. Contraints et tenaillés par le besoin en eau, ils jettent leur dévolu sur les plans d'eau qui n'ont pas encore tari. «Nous buvons l'eau des marigots», déclare un villageois. «C'est même devenu une coutume pour nous de boire l'eau des bas-fonds et étangs piscicoles», renchérit un autre visiblement satisfait. Ainsi, en groupe, dans un bavardage interminable, femmes mères et enfants bravent distance, chaleur, fatigue et autres risques pour aller loin dans la brousse puiser de l'eau. Pour aller dans ces points d'eau, ils empruntent des sentiers tortueux, gravissent parfois de petites collines. Au retour, cette eau dans des bassines renflées, décolorées, des bidons est utilisée pour faire le ménage. De temps en temps les hommes viennent aider les femmes en chargeant les bidons sur les bicyclettes. Si des cérémonies coutumières ou des fêtes religieuses pointent dans la période, elles s'en servent aussi pour la cuisson des aliments. Le comble, c'est que sur ces eaux poussent des nénuphars et autres plantes aquatiques qui ne cessent de dégager une odeur pestilentielle. Qui plus est, ces eaux sont le plus souvent chargées des pesticides de nitrates ç cause de la proximité des champs de maïs, de riz, de coton. Aucun doute. Ces plantes bénéficient de l'utilisation parfois abusive des pesticides et des engrais pour leur croissance harmonieuse. En dehors de cela, ces plans d'eau constituent des bassins privilégiés où femmes, jeunes filles, et enfants rabougris, aux visages ridés par la misère viennent hebdomadairement faire la vaisselle et laver leurs loques ; où même les quelques rares bœufs des éleveurs peuls, viennent s'abreuver. D'après les populations de Loulè1, des offrandes aux fétiches sont faites aux abords de ces marigots pour conjurer les mauvais sorts ou implorer la bonté des dieux tutélaires et des ancêtres. Les produits utilisés (huile, sang d'animaux immolés), se retrouvent dans les eaux à la faveur des pluies. Au bout du rouleau, les habitants contractent des maladies microbiennes.

    Maladies

    En cette période, les gens de loulè1 sont la proie de nombreuses maladies. Leur santé est constamment menacée. «Nous recevons beaucoup de malades de ce village. Ils souffrent le plus souvent de la diarrhée, et font des vomissements. Les enfants surtout», a affirmé Ernest Balaro, infirmier à l'hôpital de Dassa. A cela s'ajoutent d'autres affections d'origine hydriques comme la bilharziose. «La plus grave maladie dont souffrent les habitants de ce village est la dracunculose. Elle affecte les femmes», ajoute-t-il. Selon Paul Editchom, elle a tué beaucoup de personnes cette année. «J'ai même perdu une de mes épouses à cause du temkoko vers de guinée en Idaasha langue de la localité», a assuré Samuel, le cultivateur, la voix crispée et chargée de douleur. Ces maladies accroissent la misère et la souffrance de ces âmes qui ne dispose que d'un petit dispensaire pour les soins primaires. «Nous voulons boire l'eau potable comme nos frères qui sont à Cotonou. Nous souffrons beaucoup. Nos enfants sont tout le temps malades. Nous voulons des bornes fontaines à défaut des robinets pour chaque famille», plaide Samuel croit toujours pouvoir boire un jour de l'eau potable dans son village.


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