• Tuberculose au Bénin: Des bénévoles pour aider à la lutte

     

    Tuberculose au Bénin

     

    Des bénévoles pour aider à la lutte

     

    Au Bénin, un des pays ouest africain avec un taux élevé de cas de  tuberculose, la lutte contre cette maladie peut se faire avec la mise en place aussi  d’un réseau communautaire de bénévoles formés à la cause.

     

     

    «Depuis qu’on m’a diagnostiqué la tuberculose et démarré mon traitement, ma santé a commencé à s’améliorer. Je ne tousse plus comme avant », déclare Justin Anago. Ce mercredi 24 février 2010, Justin Anago et ses copains tuberculeux comme lui, assis sur des morceaux de briques à l’entrée du dortoir 5 partagent ensemble un repas qu’ils ont eux-mêmes préparé. Un peu plus loin, dame Sena Atiogbé de nationalité togolaise, assise au bord de son lit, le regard un peu rêveur,  scrute à travers la porte de son dortoir ((hébergée au dortoir 16) la vaste cour de cet hôpital qui vit déjà son animation quotidien. Nous sommes au Centre National Hospitalier de Pneumo-phtisiologie (Cnhpp) Lazaret  de Cotonou.  C’est le major du centre qui nous a servi de guide pour rencontrer et échanger avec  certains malades qui est venu détourner l’attention de dame Atiogbé. «Je constate avec satisfaction que mon état de santé a changé depuis mon entrée dans ce centre», a confié cette vendeuse de friperie à Semè.

    Admis dans ce centre, ces malades tuberculeux se sentent soulager et fiers du traitement gratuit qu’il reçoit. «Je ne paye rien, on ne nous vend pas les médicaments», indique dame Atiogbé. Ils sont nombreux les malades tuberculeux rencontrés dans l’enceinte du centre Lazaret qui clament leur satisfaction face aux prestations du centre qui d’ailleurs ne cesse de recevoir de nouveaux patients venus se faire diagnostiquer.

     

    Stratégies mises en oeuvre

     

    Le Centre Lazaret  de Cotonou fait partie des 57 centres de dépistage et de traitement  (Cdt) de la tuberculose au Bénin. C’est d’ailleurs le plus grand. Dans le souci de rapprocher le traitement de cette maladie du patient, les autorités sanitaires avec le soutien des partenaires ont mis en place des « centres de traitement direct observés (Ctdo) », explique le Dr Diane Atchaoué Capo-Chichi, en service au centre Lazaret. A côté des  Ctdo où, selon le Dr Capo-Chichi, «on ne fait pas le dépistage mais seulement le traitement après dépistage dans un Cdt », il y a les «centres collaborateurs» installés dans les centres de santé de certaines localités rurales. Tous ces centres participent  de la stratégie de lutte contre la tuberculose,  une vieille maladie causée par un microbe appelé bacille de Koch (BK). «La tuberculose se transmet d’une personne malade à une personne saine par la toux, l’éternuement, la parole, la chanson etc. Elle ne se transmet pas par les ustensiles de cuisine, les repas, les habits, les nattes ou tout autre objet usuel», affirme le Dr Ferdinand Kassa,  Responsable des formations au Programme national contre la tuberculose (Pnt).

    Au Bénin, en  2010, 3987 malades  tuberculeux ont été recensés  contre 3970 en 2008 et 3763 en 2007. Sur les 3987  personnes vivant avec la tuberculose, on compte environ 644 malades infectés par le  VIH/Sida.  «La contamination de la tuberculose n’échappe à personne. Tout le monde peut attraper cette maladie», indique le Dr Kassa.  

    Le Bénin s’inscrit dans la dynamique de l’éradication de la tuberculose. C’est pourquoi, en dehors des centres de dépistage et de traitement installés sur l’ensemble du territoire, l’accent est  aussi mis sur la sensibilisation et l’information des populations à travers les mass media et surtout  la collaboration avec les tradithérapeutes qui reçoivent beaucoup de malades. «On ne peut pas seulement faire le dépistage et le traitement. Nous mettons un accent particulier sur la sensibilisation des populations. Nous mettons aussi de notre côté les tradithérapeutes pour traiter les malades», témoigne le Dr Diane A. Capo-Chichi. Et elle ajoute : «On  collabore aussi avec le Programme national de lutte contre le sida (Pnls) pour ce qui est des personnes vivants avec le sida parmi lesquelles on trouve beaucoup de malades tuberculeux». Aujourd’hui, confie le Dr Capo-Chichi, la stratégie est de «rechercher les tuberculeux dans les prisons et de les prendre en charge». Le Programme national contre la tuberculose (Pnt) que dirige le professeur Gninafoun fait aussi de la formation des agents de santé toutes catégories confondues une priorité et cela donne des résultats encourageants. «La stratégie marche. Quand on détecte les malades, ils ont le choix entre les Cdt, Ctdo  et les centres collaborateurs et ils trouvent satisfaction au bout du rouleau», assure la major du centre Lazaret.

     

     

    Associer des bénévoles pour la lutte

     

    La tuberculose constitue l’un des principaux problèmes de santé au Bénin. Dans les milieux ruraux où il n’existe pas de Cdt ou Ctdo, les malades sont presque livrés à leur sort. Dans certaines localités rurales, de nombreux agents de santé ont des difficultés pour communiquer avec leurs patients. De plus dans ces milieux, nombreux sont ceux qui n’ont pas la culture de l’hôpital ou  qui sont réticents à aller à l’hôpital en cas de maladie et préfèrent se confier à des tradithérapeutes. Pour surmonter ces difficultés, il est possible de mettre en place un réseau communautaire de bénévoles pour aider les patients ou personnes dans le besoin afin de s’adresser à un hôpital. Ces bénévoles qui seront des jeunes hommes et femmes vivant dans les communautés rurales ayant reçu une formation peuvent  aider les cas de tuberculose dans leur traitement et de contrôle de la maladie. Ils peuvent aussi satisfaire les patients et les administrer les médicaments.

    Ces jeunes qui se livrent habituellement à l'agriculture familiale et au travail domestique peuvent consacrer quelques heures par semaine comme bénévoles pour visiter des dispensaires ruraux. Cette expérience fondée sur l’association de bénévoles à la lutte contre la tuberculose marche ailleurs notamment en Amérique Latine et donne des résultats concluants selon une étude qui a analysé le rôle des ces travailleurs bénévoles appelés « promoteurs de la santé ». La stratégie pourrait inclure un travail de collaboration entre «les réseaux communautaires de soutien avec les hôpitaux et les cliniques qui assurerait une formation et des médicaments pour traiter la tuberculose».

     

    Christophe D. ASSOGBA

     


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