• Présidentielle 2006 au Bénin

    Présidentielle 2006 au Bénin
    Divine surprise
    Le Dr Thomas Boni a été proclamé vainqueur de la présidentielle 2006, la quatrième du Renouveau démocratique. Le plus surprenant n'est pas là. Mais dans l'attitude de son challenger et le climat de maturité démocratique qui a prévalu tout au long du scrutin.

    Christophe ASSOGBA

    Il est des soulagements qu'on ne cache pas. Ainsi en va-t-il du happy end sur lequel s'est achevé, jeudi 06 avril le processus électoral béninois. Une conclusion idéale et presque inespérée dans un pays où tout a été tenté par le pouvoir sortant pour empêcher la tenue de l'élection, avec un vainqueur inattendu, modeste et consensuel, un vaincu digne et responsable et des électeurs exemplaires. Une vraie leçon de démocratie renouvelée au monde entier.
    La leçon de Porto-Novo n'est pas tombée du ciel. Elle a son histoire, ses parrains et ses acteurs- à commencer bien sûr par les principaux protagonistes, dont l'action et la retenue ont été déterminantes.
    -Thomas Boni Yayi, tout d'abord. Ancien Directeur général de la Banque ouest africaine de développement (Boad), le banquier de Tchaourou dans le département du Borgou, n'était pas précédé d'une réputation de politicien. Cet homme calme, pondéré et méfiant, à la voix un peu douce et au sourire séduisant, cachait depuis longtemps une vrai ambition, réalisée à la pointe des urnes. Candidat indépendant, Thomas Boni Yayi a eu le mérite de vite comprendre les aspirations de son peuple et de jouer la carte du changement. Il a damé le pion à ses adversaires politiques considérés comme faisant partie de la vieille garde politicienne responsable de la misère du peuple. A l'issue du premier tour, le 05 mars, il a résisté aux pressions d'une partie de son entourage qui souhaitait le voir passer par Ko alors même qu'il n'avait recueilli que 35% des voix. Le résultat final aura été à la hauteur de son pari : 75%. Ainsi, la sanction infligée à la classe politique fait que le président Thomas Boni Yayi n'aura pas à affronter les affres d'une opposition forte au cours de son quinquennat.
    - Adrien Houngbédji, ensuite. Le challenger de Yayi Boni a recueilli 25% des voix, au terme d'un parcours qui fut pour lui des plus difficile à digérer. Plus connu, il s'était déjà présenté plusieurs fois aux élections présidentielles (contrairement à Yayi Boni) et est arrivé souvent troisième après Mathieu Kérékou et Nicéphore Soglo. Il a gagné dans l'affaire une notoriété et une responsabilité. A 64 ans, l'ancien premier ministre «Kpayo» (faux en langue fon) du Général Mathieu Kérékou a encore des chances devant lui, d'autant que son attitude responsable et courageuse face au verdict des urnes lui vaut la reconnaissance du peuple et des partenaires extérieurs du Bénin. Enfin, en dépit de certains dérapages verbaux, Houngbédji a, tout comme ses 26 adversaires du premier tour (pas de campagne électoral au second tour), mené une campagne d'où étaient bannis les appels à la haine et à l'exclusion.
    - La communauté internationale bien sûr, notamment les Etats-Unis, l'Union européenne, la France ainsi que l'Union africaine ont refusé de cautionner les manœuvres du gouvernement de l'ancien président Mathieu Kérékou qui prônait le couplage et le report de la présidentielle en 2008 pour cause de difficultés de trésorerie et de coût élevé des élections. La communauté internationale n'a pas cessé de faire pressions sur le régime précédent pour qu'il organise l'élection présidentielle à bonne date. On se rappelle toutes les situations créées de toute pièce à la Commission électorale nationale autonome (Cena) dans l'organisation du scrutin. N'eût été les appels pressant au respect de la Constitution du 11 décembre 1990, la quatrième élection du Renouveau démocratique n'aurait pas pu avoir lieu à bonne date comme le stipule la loi fondamentale du pays. Au regard du doute qui planait sur cette capitale élection, gage aujourd'hui d'un nouveau départ pour le Bénin, l'organisation des élections à la date constitutionnelle était une condition sine qua non pour que le Bénin bénéficie des milliards du Compte du Millénaire. En somme, la communauté internationale, notamment les partenaires du Bénin ont voté pour l'alternance au pouvoir. Une réalité vivante.
    - Les électeurs béninois, enfin. C'est à eux que toute la communauté internationale a rendu hommage, et c'est évidemment justifié. Aussi bien le taux élevé de participation que le calme qui a entouré les opérations électorales et même le réflexe du vote utile qui a porté Thomas Boni Yayi au pouvoir démontrent une maturation à laquelle on ne s'attendait guère. Economiquement malade en raison de la grande corruption, les Béninois ont presque pour la première fois manifesté un vote transethnique, sacrifiant par pertes et profits quelques-unes des grandes figures politiques des ces quinze dernières années. Pour Adrien Houngbédji, leader des «Tchoco-tchoco» et Bruno Amoussou, président du Parti Social Démocrate (PSD) et leader de l'Alliance Bénin Nouveau (ABN) lors de la présidentielle de mars 2006, l'heure de la retraite a sonné. Le vrai défi auquel le nouveau président Thomas Boni Yayi (TBY) va faire face est multiforme : la reforme de l'administration, la relance de l'économie. Si la communauté des bailleurs de fonds l'y aide, la divine surprise du 19 mars sera vraiment le chemin d'un renouveau économique et de développement pour le Bénin.

    Christophe D. ASSOGBA
    Journaliste / Communicateur/ Analyste politique
    Tel : (229) 97648206
    e-mail : assochrist2002@yahoo.fr
    http://assogba.blogg.org


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