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    Immigration
    L'Europe oui, mais l'Afrique d'abord

    Qui développera l'Afrique si des milliers d'africains continuent de croire que leur bonheur se trouve en dehors de leur terre natale ? En tous cas, ce n'est pas le maintien ou la suppression de la loi Sarkozy en France, qui d'ailleurs est une leçon aux africains pour cesser de servir d'esclaves aux autres mais participer au développement de leur continent.

    Christophe D. ASSOGBA

    L'histoire retient que l'Europe est en grande partie ce qu'elle est aujourd'hui grâce à l'Afrique. Quand il a s'agit de libérer l'Europe, les africains étaient présents et ont su le faire avec abnégation. « Chez nous, les choses sont claires depuis longtemps. Nous sommes la terre d'origine de Toussaint Louverture. Nous nous reconnaissons fils et disciples d'Aimé Césaire, soeurs et frères consanguins de Christiane Taubira. Sans jamais trop insister, nous savons le prix du sang versé pour la liberté sur des champs de bataille qui nous furent communs », souligne le professeur Albert Tévoédjrè, ancien ministre et ancien fonctionnaire du Bureau international du Travail (Bit). Dans une lettre ouverte adressée au jeune ministre de l'Intérieur français, Nicolas Sarkozy, l'intellectuel béninois explique que les africains francophones sont des «ayant droit» à la France en raison de leur commun passé. L'histoire reconnaît également que l'Europe a spolié et continue de spolier l'Afrique de ses nombreuses richesses intellectuelles, minières et naturelles, plongeant ainsi des millions d'âmes dans l'extrême pauvreté. La curieuse mondialisation est là pour montrer comment le continent noir est toujours serviable et corvéable à merci et sert les intérêts des soi-disant maîtres du monde, chantres de la liberté et de la défense des Droits de l'Homme, mais qui sont les premiers à fouler aux pied les droits des africains quand leurs intérêts est en jeu. Les lois du commerce mondial sont parlantes à ce sujet. L'histoire reconnaît le rôle des africains au service du développement des autres. L'esclavage nous en dit long à travers leur immigration forcée vers les vastes terres de l'Amérique. Mais en sera-t-il ainsi toujours ? L'Afrique va-t-elle toujours servir les intérêts des autres ? L'Afrique est-elle condamnée à demeurer pauvre ou les africains ne peuvent-ils pas faire leur propre développement en mettant fin à celui des autres par le renoncement à l'immigration simple ou «choisie»? La loi Sarkozy sur «l'immigration choisie» semble être l'une des réponses à ces questions. Elle parait comme une invite pour l'abandon «du pèlerinage du bonheur» au profit d'une participation des candidats à l'immigration aux nombreuses tâches de développement de leur pays respectifs. Les bonheur est partout : en Afrique comme en Europe, en Asie comme en Amérique et en Océanie. Le bonheur que recherche des milliers de candidats malheureux à l'immigration ne se donne pas. Il se crée par le travail. Il s'arrache au prix du travail. Si les africains continuent de délaisser leur continent pour d'autres horizons à la recherche du bonheur qu'ils peuvent trouver mieux chez eux, qui va développer l'Afrique à leur place ? Les candidats africains à l'immigration doivent comprendre qu'il n'y a de bonheur que chez soi et que la recherche du bonheur ailleurs contribue à enrichir le pays hôte. Un adage dit «qu'on n'est mieux à l'aise que chez soi». L'Europe oui, mais l'Afrique d'abord. «Nous avons tout en Afrique. Nous devons mieux nous organiser pour créer la richesse, les conditions de notre épanouissement. Nos étudiants doivent comprendre qu'ils ont tout ce qu'il faut pour étudier au Bénin», a souligné Sacca Lafia, député à l'Assemblée nationale du Bénin. Aujourd'hui, avec le Nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique, le continent noir a un réel besoin de techniciens, de cadres, d'ingénieurs, de scientifiques, de médecins, de professeurs chevronnés pour impulser son développement. Ces «cerveaux» africains ne manquent pas, mais ils sont en Europe et un peu partout à travers le monde et servent les intérêts des autres. Ils sont à la Nasa, dans les grandes institutions bancaires du monde comme le Fmi et la Banque mondiale, dans les hôpitaux européens, dans les universités européennes, américaines et asiatiques, dans les grandes industries automobiles, électroniques et aéronautiques, alimentaires et textiles. Ils sont un peut partout mais l'Afrique a besoin désormais d'eux. Le continent noir ne va pas continuer à perdre. Il faut qu'il gagne, chacun chez soi.


    * Article manchette du deuxième numéro de Mayro Magazine, un mensuel international d'information générale, Août 2006.
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