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Recherche en Santé en Afrique: Les Etats doivent définir leurs priorités

En Afrique, la recherche en santé ne prend pas en compte toutes les affections qui tuent l'homme. De nombreux intervenants au forum ministériel mondial sur la recherche pour la santé appellent les Etats africains à prioriser leur recherche.

 

Lorsqu'on fait l'état de la recherche en santé en Afrique, constate Carel Ijsselmuiden, directeur Hollando-Sud africain du Conseil de la recherche en santé pour le développement (Cohred),  les maladies infectieuses comme le Vih/Sida, le paludisme et la tuberculose sont les plus privilégiées. Les autres affections tout aussi mortelles telles que la diarrhée, les fièvres hémorragiques, les maladies chroniques comme le cancer, l'hypertension artérielle, le diabète sont malheureusement le parent pauvre en matière de recherche. Si la recherche sur ces maladies ne préoccupe presque pas les quelques centres de recherche qui existent sur le continent, force est de reconnaître qu'elles ne bénéficient pas d'une attention particulière de la part des donateurs. Autrement dit, les bailleurs ne fiancent que les recherches sur le Vih/sida, le paludisme et la tuberculose. Cette situation est due au fait que les gouvernements ne définissent pas leurs priorités  de recherche. Une attitude des gouvernements africains que  Carel Ijsselmuiden invite à changer afin d'impulser la recherche sur ces affections qui font aussi bien des ravages tel le paludisme ou la tuberculose. D'après les explications de ce spécialiste des questions de recherche en santé, au Mali, pays en avance sur les autres de la sous-région ouest africaine en matière de recherche en santé et dans d'autres domaines comme l'agriculture, le Centre de recherche et de formation sur le paludisme créé en 2003 que dirige le professeur Ogobara Doumbo, un des spécialistes au monde du paludisme est financé non pas par l'Etat malien mais par les Instituts nationaux de santé des Etats-Unis, les Universités de Tulan et du Maryland, de Rome, de Marseille, la Fondation Rockfeller, la Fondation Mérieux, l'Usaid, et l'Agence universitaire de la Francophonie. «Au Mali par exemple, le nouveau centre de recherche sur le paludisme est fiancé par des Instituts nationaux de Santé basés aux Etats-Unis et non par les contribuables du Mali».  Un point de vue partagé par son collègue conférencier  Lasseni Kouyaté du Ministère malien de la Santé. Carel Ijsselmuiden va plus loin en se demandant comment  l'Ouganda qui ne dispose pas d'une politique de recherche, de priorités de recherche ou même d'un directeur  de la recherche au niveau de son Ministère de la santé peut discuter avec les bailleurs de fonds sur les questions de recherche ou de financement de la recherche. Quant au Directeur général adjoint de l'Organisation Mondiale de la santé (Oms),  Timothy Evans, il a  déclaré lors de la journée de la presse organisée le dimanche 16 novembre 2008 en prélude au Forum de Bamako,  qu'une évaluation est en cours pour voir comment les priorités de santé peuvent être réorientées par le biais du Fonds mondial. Il a invité les Etats à produire  de meilleures bases de données sur certaines maladies. Car, note-t-il : «pour le Nigeria et plusieurs autres pays, nous ne savons pas combien de décès il y a, ni les causes de ces décès».  «Il est merveilleux d'avoir plusieurs  communications sur le paludisme ou la tuberculose ou une autre maladie mais nous avons besoin d'effectuer plus de recherches pour en savoir plus sur le fonctionnement des systèmes de soins de santé de façon à ce qu'on puisse se pencher sur ces problèmes»,  a déclaré Ok Pannenborg, Conseiller sanitaire supérieur de la Banque mondiale. «Les fossés en matière de recherche sanitaire ne sont pas le fait du destin, mais des marqueurs d'un échec politique », a indiqué lors de l'ouverture du Forum le Dr Luis Sambo, Directeur régional de l'Oms de Afrique pour souligner l'absence  d'efforts soutenus au niveau des Etats pour établir leurs priorités de recherche en santé. «En 2008, ajoute-t-il,  la Commission des Déterminants sociaux de la santé a reformulé l'engagement du secteur de la santé. Les larges fossés en matière de résultats sanitaires constituent sa principale préoccupation et son objectif est d'améliorer l'équité. Comme le souligne le rapport, des facteurs relevant de l'environnement social comme la pauvreté, le logement, l'emploi et les occasions offertes en matière d'éducation,-sont les véritables causes profondes des problèmes de santé». C'est d'ailleurs pourquoi le  président, Amadou Toumani Touré qui a ouvert le 17 novembre 2008 les travaux du Forum de Bamako dont le thème est : «Renforcer la recherche pour la santé, le développement et l'équité», estime que la recherche en santé «performante» n'est possible en Afrique qu'avec la mise en place d'un système de recherche performant qui doit se focaliser sur les priorités nationales ou sous régionales.

 

Christophe D. ASSOGBA, depuis Bamako

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