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Musée d'histoire de Ouidah

Musée d'histoire de Ouidah
Vestige d'un passé mouvementé

Ancienne enclave portugaise, le musée d'histoire de Ouidah, est l'un des vestiges d'un passé très mouvementé au Bénin.

Christophe D ASSOGBA

Ouidah, la cité des esclaves à 41 km de Cotonou, est un pôle d'attraction pour les touristes. Que viennent-ils voir ? Le temple des pythons est plébiscité. En effet, la maison des serpents python draine des milliers de visiteurs par an, qui peuvent déambuler librement au milieu des pythons, le tenir à la main ou en faire un collier au cou, et admirer la beauté naturelle de ses reptiles de grand prix pour les Ouédah.
Autres lieux magnifiques, la route des esclaves, la forêt sacrée de Kpassè. Toutefois, des touristes comme Joanne et Luis, étudiants français de l'art africain qui ont beaucoup lu les œuvres de Jules Verne, en visite au Bénin dans le cadre de la journée mondiale du tourisme, restent de marbre devant ces lieux-là, et leur préfèrent les hauts lieux de la culture dont Ouidah regorge : les musées.
Il y a beaucoup de musées dans cette ville. Il faut séjourner sur place pour vraiment les visiter.

Le musée des musées

Le fin du fin en la matière est sans conteste le musée d'histoire de Ouidah, ancien Fort portugais de Ouidah construit en 1721, qui à vrai dire n'est pas un musée, mais des musées. L'un de ses édifices, le «Loge gardien», abrite aujourd'hui l'administration. Vous ne pouvez pas manquer de voir sa façade blanc vif quand vous foulez l'immense pelouse bordée d'arbres fruitiers qui s'étire sur des mètres.
Quelle est la plus importante attraction du musée d'histoire de Ouidah ? Actuellement, c'est évidemment «l'une des dernière traces du commerce des esclaves au Bénin», selon Serge Rustico, guide touristique. Dans ses 13 salles, sur le bâtiment qui a servi de résidence aux différents gouverneurs, les pièces exposées, pour beaucoup suspendues au mur, retracent l'histoire angoissante et douloureuse de la traite des esclaves. Dans les salles à l'étage, on peut admirer les deux cloches de la chapelle du Fort dont, l'une servaient à appeler les fidèles, l'autre à annoncer la mort. A côté, vous pouvez voir divers objets que les marchands donnaient en échange des esclaves. Non loin, le coffre-fort des Portugais vidé à leur départ sur décision du gouvernement dahoméen le 31 juillet 1961 et la maquette du Fort français, rasé par les occupants à leur départ. «Si les Portugais avaient pris le soin de raser le Fort à leur départ comme les Français et les Anglais, cette mémoire du commerce des esclaves serait perdue à jamais», s'indigne Luis. Toujours à l'étage, sur les murs peint en blanc, sont gravés des tableaux : des coupes de navire négrier, de chaloupe, des scènes de rébellion et de suicide d'esclaves, les activités des esclaves au Brésil, les travaux des champs dans les plantations de canne à sucre.
Le royaume du danxomè qui a participé activement au commerce des esclaves et dont l'histoire est en relation avec Ouidah n'a pas été oublié dans le musée. Une place de choix est accordée à la cité historique d'Abomey : tambour qui annonce la mort du roi, les recades qui selon l'explication donnée par le guide équivalent au roi, le trône du roi Ghézo, l'emblème des 13 rois qui se sont succédé sur le trône d'Abomey et le premier drapeau du Danxomè.
. Dans la galerie «Salle du royaume de Savi», on peut contempler, avec amertume et regret, les chaînes qu'on passait aux mains, aux pieds et aux cous des esclaves et des tessons de bouteille de boisson (Gin) donnée en échange des esclaves. «Ces objets ont été retrouvés au cours des fouilles du palais de Savi par l'archéologue américain Kenneth Kelly en 1992-1993», indique Serge Rustico. «Ici, ajoute-t-il, c'est le couronnement du dernier roi de Savi et la cour du roi Houffon chassé en 1727 par le roi Agadja. Connaissez-vous le premier Ambassadeur du Dahomey en France ? Il s'appelle Dom Mathéo Lopès. Voici sa photo».

Le vodoun

Au rez-de-chaussée, certains Etats esclavagistes de l'Amérique Latine sont célébrés dans le musée à travers le culte vodoun. On peut contempler des photos de différents adeptes originaires de Cuba, du Brésil et de Ouidah, des statuettes vodoun, des figurines en terre cuite, des balais sacrés venus du Brésil qui servent à provoquer et guérir la variole, des plateaux de fâ, les « assins», les «bochio», statues qu'on place à l'entrée des maisons ou des villages pour chasser les mauvais esprits. La visite fait découvrir les différentes étapes d'un rituel vodoun. Le vodoun relève-t-il du secret ? Quelles sont les variantes entre le rituel vodoun au Brésil, à Cuba et à Ouidah ? Telles sont quelques unes des questions auxquelles la visite répond. On peut également admirer de belles photos sur la danse des carnavals au Brésil et au Dahomey ainsi que la photo du «plus fameux de Brésiliens », selon Serge Rustico, Francisco Félix De Souza Chacha Adjinakou enterré à Ouidah.

La cour parle

La zone de visite réservée au public englobe aussi la cour. Dans cette immense cour, vous apercevez la première chapelle de Ouidah fondée le 8 décembre 1858. «Les tout premiers chrétiens du Bénin ont été baptisés dans cette chapelle », déclare le guide. A droite de la chapelle, vous verrez le corbillard qui transportait les morts chrétiens catholiques de Ouidah. Ce corbillard qui garde toujours sa forme malgré l'usure du temps a été donné au musée par la mission catholique en 1972. A côté, il y a le monument des Portugais : au milieu, les 5 plaies de Jésus-Christ, tout autour, les 7 châteaux. A gauche, se trouve la caserne des soldats transformée en centre de documentation, en boutique et en réserve. Derrière cette caserne, vous déboucherez sur la cour où étaient parqués les esclaves sous le soleil et la pluie pendant 15 jours avant leur départ pour les Amériques. Au milieu de cette esplanade transformée aujourd'hui en centre artisanal, se trouve un puits creusé par les esclaves et restauré en 1967.
L'histoire de l'esclavage est également illustrée par une ancre de bateau retrouvée à la plage de Ouidah et quatre tourelles rempli de pièces d'artillerie aux angles du musée servant de défense au Fort et particulièrement contre les esclaves récalcitrants. Sur le même site, derrière le bâtiment à étage se visite le plus vieux manguier de Ouidah : «300 ans révolus», à en croire le guide. On peut aussi admirer la beauté des anciens portails de l'enclave portugaise. Luis et Joanne ne cachent pas leur satisfaction. «Ce musée est une mine de trésor sur le commerce des esclaves. Ça me fait de la peine au cœur de voir à travers ces objets que mon pays a participé à ce odieux commerce», affirme Joanne, les larmes aux yeux.
Les objets exposés attestent du rôle joué par Ouidah dans la traite négrière. Bien d'autres particularités du musée mérite que le visiteur s'y attarde, notamment les pictogrammes sur l'histoire de la cité et l'énorme secteur de recherche au niveau de l'ancienne caserne des soldats.

Article publié dans Le POINT au Quotidien

Christophe D. ASSOGBA
Journaliste / Communicateur/ Analyste politique
Tel : (229) 97648206
e-mail : assochrist2002@yahoo.fr
http://assogba.blogg.org

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