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Temple des pythons de Ouidah

Temple des pythons de Ouidah
Quand l'exotisme et le sacré attirent



Loin de la brousse et des sentiers où l'on pourrait les voir errer, les pythons, ont élu domicile dans un endroit pittoresque et empreint d'une grande tradition. Imposant de part son architecture, le temple des pythons à Ouidah attire du monde.

Kokouvi EKLOU

Situé en plein cœur de la ville de Ouidah, juste en face des lieux même où la basilique Notre-Dame impose religieusement sa statue, le temple des pythons dont l'existence remonte à 1774, suscite curiosité autant à travers son caractère sacré que son exotisme. Ce matin du 15 Septembre, l'affluence est bien grande aux alentours de ce temple. Derrière cette enceinte dominée par de grands arbres, des enfants tapent, insouciants dans une balle usée par les incessants coups de frappe. Peints en rose, les murs du temple présentent des images de pythons aux allures diverses. Le calme des lieux est vite rompu par le vrombissement de moteurs de deux voitures qui s'immobilisent devant l'entrée principale. Un groupe d'enfants présentés comme les meilleurs de leurs écoles à Copargo, localité située à près de 500km de la Cité des Esclaves, descendent de ces véhicules poussiéreux sous la conduite d'un de leurs enseignants. Découvrir ces lieux dont la visite leur a été promise à la suite de leurs bons résultats en classe a de quoi les exciter. A la suite de ce groupe de vacanciers, trois touristes franchissent également le seuil du temple de ces reptiles considérés comme un totem du collectif des familles Houédah à savoir les familles Agbo, Zossoungbo, Adjovi , Dêh et autres. Une fois dans l'enceinte le visiteur se laisse surprendre par l'état des lieux. Personne n'aurait parié sur l'âge de l'immense Iroko qui impose sa taille dans cet antre sacré. Qui aurait imaginé que derrière cet arbre sacré sommeillent quatre siècles d'histoire ? Le guide, lui, en parle avec grande conviction et on n'est loin de remettre en cause ses explications. C'est aux abords de cet arbre que sont faits les sacrifices à la divinité que constitue le python. Le tissu blanc bariolé d'huile rouge ainsi que le dessin présentant une chèvre à immoler confère à ces lieux tout son sens. « Si vous voulez formuler des vœux, faites-le ici mais n'exigez que du bien, propose l'un des guides aux intrus » devant la case où sont faites les offrandes. Restes d'ossements de bœufs immolés lors de cérémonies traînent encore devant le seuil de cette case en terre de barre qui tient encore sur ses vieilles poutres. Tour à tour certains de ces jeunes élèves s'immobilisent devant l'entrée et après quelques vœux dits en chœur jettent quelques pièces d'argent dans l'intérieur sombre de cette hutte. C'est ensuite les cases de purification des adeptes nés sous le signe du python et de protection du temple que l'on découvre. Et aussi la hutte servant de magasin aux jarres sacrées « Zingbin » utilisées pour puiser de l'eau à la source sacrée pour la purification du temple. Tous les sept ans, aux dires des guides, 41 filles vierges sont commises à cette corvée d'eau.

Python au cou

Les visiteurs échouent finalement devant le temple même des pythons, un bâtiment en forme de calebasse peint en rose, qui la peur au ventre, qui l'impatience à peine contenue. Le plus jeune des guides s'introduit dans la pièce et en sort quelques secondes après avec un petit reptile à la peau bicolore. Aussitôt le groupe se disperse dans un indescriptible désordre. «N'ayez pas peur ! C'est un python, ça ne mord pas car ça n'a pas de dent ». Les fuyards se ravisent et retenant son courage, une fillette s'avance vers le reptile. Ce qui déclenche encore des cris dans le groupe de ses compagnons. Le python est mis à son cou. Une tradition du temple. Le petit reptile s'enroule autour de son cou et remue sa petite tête dans tous les sens. Certains ne se contiennent pas et détournent leur regard, craignant le pire. « Ca ne fait rien, c'est chic et glacé », confirme-t-elle. Chose qui est loin de persuader tout le groupe. « Moi je ne peux pas ; je ne suis pas dans cette affaire de serpent ». Ceux qui ont su garder leur courage pénètrent dans le temple et découvrent un nombre impressionnant de pythons entrelacés les uns aux autres. Ces reptiles que l'on vénère dans la région proviennent de la brousse ou sont ramassés dans les rues. Une fois dans le temple, ils bénéficient, vu ce qu'ils représentent pour la communauté des Houédah, de soins et peuvent aller et venir à leur guise. « Je suis impressionnée par ce site ; on voulait visiter Ouidah et on n'en sort pas déçu. C'est à la fois intrigant et exotique. Et faire plus de 10000 km pour retrouver ses racines ici me procure une sensation de bien-être » confie Louisa, hôtesse de l'air guadeloupéenne. Elle revient vite à la réalité quand l'un de ses compagnons lui murmure à l'oreille qu'un python lui lèche le talon. Elle s'arrache du petit groupe et crie à tue-tête. C'est un canular dont elle se rend vite compte. Les guides leur indiquent par la suite le cimetière où sont enterrés les pythons morts par vieillesse ou par accident. Le retentissement des cloches de la basilique Notre Dame à midi montre aux visiteurs la parfaite cohabitation entre l'église et le culte vodoun. Un tintamarre qui est loin de plaire aux chauves-souris qui claquettent du haut des grands arbres coiffant le temple.


* Kokouvi EKLOU est journaliste Culturelle et économique. il est auteur de nombreuses publication sur des question de protection du patrimoine culturel béninois
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