Nous revoici, après le rendez-vous manqué du mardi 28 octobre dernier pour procéder enfin à l'ouverture solennelle de la seconde session ordinaire de notre institution parlementaire au titre de l'année en cours. Je voudrais, avant tout, vous remercier d'être venus ou revenus pour sacrifier comme à l'accoutumée à cette tradition parlementaire. Chers collègues Députés, Après les turbulences qui ont caractérisé ces derniers temps notre Parlement, le moment est venu, me semble t-il, d'assumer avec beaucoup plus de responsabilité le mandat qui nous est confié par le peuple et de prendre les dispositions requises pour régulariser et intensifier le travail parlementaire afin de contribuer à bâtiraux côtés des autres Institutions de la République, un Bénin que nous serons tous fiers de léguer à la postérité, un Bénin où les citoyens pourront réaliser leurs rêves de vivre dans la prospérité et la paix. Nous devons désormais Mesdames et Messieurs donner l'exemple et faire l'exemple. Il faut l'avouer, ce n'est malheureusement pas le cas depuis quelques mois, au point où beaucoup d'entre nous commencent à douter de notre capacité et de notre volonté à faire de la 5ème législature un exemple et un modèle à suivre. Chers collègues Députés, Chers invités, Mesdames et Messieurs, La politique relève du domaine des sciences sociales, c'est-à-dire d'un domaine où les données sont en perpétuelle évolution et où les conditions humaines déterminent fondamentalement les actions. C'est pourquoi, pour être en phase avec les aspirations et les attentes de nos mandants, nous devons, au niveau du Parlement béninois, renforcer nos canaux d'écoute, notre esprit de tolérance et notre capacité de dialogue. La vie démocratique est, en effet, avant tout, une vie de dialogue permanent pour favoriser des consensus qui garantissent l'intérêt général. Je voudrais réaffirmer ici ma disponibilité à demeurer à l'écoute des uns et des autres et à utiliser l'arme de la concertation pour une gestion efficiente des affaires de l'Assemblée Nationale. Je vous invite, chers collègues députés, toutes sensibilités confondues, à vous inscrire dans la même voie que moi afin que les incompréhensions et les difficultés vécues ou entretenues à ce jour, soient passagères et qu'au terme de notre mandat, le bilan de la 5ème législature soit, malgré tout, satisfaisant aussi bien pour nous-mêmes que pour le peuple béninois tout entier. Il y va de l'image de notre législature et du rôle historique que nous souhaitons lui conférer dans le parcours politique et socio-économique de notre pays. Chers collègues Députés, Distingués invités, Mesdames et Messieurs, Notre pays a enregistré ces derniers mois une série de crises (crise alimentaire, crise énergétique, flambée des prix des produits de grande consommation...) qui ont engendré quelques remous sociaux et surtout d'importantes difficultés au niveau des populations. Par ailleurs, certains pays développés traversent actuellement une crise financière particulièrement grave qui a déjà provoqué plusieurs dizaines de milliers de pertes d'emploi, notamment dans le secteur de la finance. Selon les prévisions du Fonds Monétaire International (FMI), nous nous acheminons vers un ralentissement considérable de la croissance mondiale. En effet, la crise financière qui a éclaté aux Etats-Unis d'Amérique au début de cette année s'est rapidement étendue à l'Europe et à l'Asie du fait de l'intégration financière à l'échelle mondiale. Plusieurs centaines de banques se trouvent aujourd'hui secouées à la fois en Amérique, en Europe et en Asie. Les pertes potentielles sont estimées à plus de 1.400 milliards de dollars. Cette crise financière est la conséquence d'une régulation insuffisante des marchés financiers internationaux dominés par une spéculation effrénée. Elle consacre la faillite d'une forme de capitalisme mondial caractérisée par l'accumulation du capital fictif et qui est arrivée à son apogée. L'économie béninoise qui connaît depuis 2007 une relative stabilité macroéconomique grâce aux efforts du Gouvernement n'est pas à l'abri des répercussions de cette crise financière internationale. Ces répercussions sur notre économie pourront se traduire en particulier par la réduction des investissements productifs, la chute de nos exportations vers les pays développés, la baisse du volume des crédits et des subventions extérieurs, la flambée continue des prix des produits importés, la dégradation du système bancaire national, la contraction du crédit bancaire, la chute de la productivité, l'aggravation de la pauvreté et du chômage. J'invite donc le Gouvernement à prendre toutes les mesures qui s'imposent afin d'amoindrir les effets de cette crise sur l'économie de notre pays et d'assurer la protection du pouvoir d'achat de nos concitoyens. Honorables Députés, Mesdames et Messieurs, Face à la crise économique et sociale, le Gouvernement a pris diverses mesures. Mais, ces mesures ne pourront certainement pas régler définitivement les problèmes structurels d'inflation et de baisse du pouvoir d'achat dans notre pays. Il importe donc que les solutions les plus efficaces et durables soient adoptées, notamment par rapport au phénomène de la cherté de la vie. Nous devons également engager avec l'Exécutif des réflexions profondes sur les problématiques majeures qui se posent à la Nation Béninoise relativement, entre autres, à l'impératif d'autosuffisance alimentaire, à la production et à la distribution sur l'ensemble du territoire national d'énergie électrique à moindre coût, à l'accès des populations à l'eau potable et à la gestion des aléas climatiques. La présente session ordinaire nous en offre l'occasion. En effet, l'examen minutieux du projet du budget général de l'Etat, gestion 2009, nous permettra d'apprécier les solutions proposées dans ce cadre par l'Exécutif et d'apporter, en cas de besoin, notre contribution pour leur renforcement et leur amélioration. Je ne doute pas un instant qu'au cours des travaux, chacun de nous saura faire prévaloir véritablement l'intérêt supérieur de la nation et contribuera ainsi à doter le pays d'un budget qui permettra au Gouvernement de résoudre bon nombre des problèmes importants des populations au cours de l'année 2009. C'est ici le lieu de rappeler, Mesdames et Messieurs, que la perversité du système économique et financier mondial fait aujourd'hui de nos pays des acteurs passifs à travers lesquels on expérimente des concepts ou des mesures qui ne sont toujours pas pratiqués dans les pays qui nous les conseillent ou nous les imposent carrément. Je n'en veux pour preuve que toute l'agitation qui se fait aujourd'hui dans les pays développés pour apporter des solutions à la crise financière résultant d'un libéralisme économique total qui privilégie l'économie virtuelle au détriment de l'économie réelle. Ces solutions sont mises en œuvre par des pouvoirs publics avec l'argent public, et avec l'aval du Fonds Monétaire International (F.M.I.), alors qu'on continue de nous imposer les principes de désengagement de l'Etat des principaux secteurs économiques. Ainsi, le Gouvernement américain a adopté récemment un plan d'un montant de 700 milliards de dollars, soit près de 350.000 milliards de francs CFA, pour sauver le système bancaire des Etats-Unis d'Amérique de la banqueroute ; de même, différents Etats Européens ont décidé d'injecter sur leurs marchés monétaires respectifs plusieurs centaines de milliards d'euros pour tenter de juguler la crise à l'échelle européenne. Il convient également de souligner que tous les plans adoptés jusque-là pour juguler la crise financière ne font pas cas des pays pauvres malgré les répercussions graves que celle-ci peut engendrer sur les économies de ces pays, du fait du phénomène de la globalisation et de l'intégration mondiale. Mesdames et Messieurs, Sur un autre registre, il me plaît de signaler que l'ouverture de la présente session budgétaire intervient au lendemain de la rentrée scolaire avec son cortège d'angoisse et d'espérance tant pour les élèves, les enseignants que pour les parents. Je voudrais donc saisir cette occasion pour féliciter tous les acteurs du système éducatif pour avoir réussi le pari des examens de l'année scolaire et universitaire écoulée et celui de la rentrée scolaire 2008 - 2009. Je voudrais surtout les encourager à tout mettre en œuvre pour que cette année scolaire se déroule correctement et conduise à des résultats satisfaisants pour tous les acteurs. Je souhaite vivement que le dialogue soit privilégié et maintenu à tous les niveaux pour la recherche de solutions consensuelles durables aux problèmes demeurés encore en suspens. Mes chers collègues députés, D'Avril 2008 à ce jour, l'Assemblée Nationale a tenu une session ordinaire (la première de l'année) et six sessions extraordinaires. Malheureusement, ces sessions n'ont pas permis à la Représentation Nationale d'examiner beaucoup de dossiers. Nous nous sommes enlisés dans des discussions, voire des querelles stériles qui n'ont pas toujours grandi notre Parlement. Nous nous devons de le reconnaître, afin de prendre de nouveaux engagements plus positifs pour l'avenir. J'ose espérer, chers collègues, que nous prendrons véritablement un nouveau départ à partir de la présente session ordinaire qui, comme vous le savez, sera essentiellement consacrée à l'étude du projet de loi de Finances, gestion 2009. En dehors du Budget général de l'Etat, nous aurons à nous pencher, au cours de cette session,sur divers autres points dont les principaux sont : §le rapport d'activités du Président de l'Assemblée Nationale pour la période allant d'avril à octobre2008 ; §l'élection des représentants de l'Assemblée Nationale à la Haute Cour de Justice et dans les Parlements régionaux ; §le projet de loi relative aux lois de finances et décret portant règlement général sur la comptabilité publique adopté par les instances de l'UEMOA en vue de l'harmonisation des dispositions législatives et réglementaires du Bénin ; §le projet de loi instituant le Médiateur de la République ; §le projet de loi portant lutte contre la corruption en République du Bénin ; §le projet de loi portant code des marchés publics et des délégations de service public ; §le projet de loi portant code pénal ; §le projet de loi portant code de procédure pénale ; <?xml:namespace prefix = o ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:office" /><o:p> </o:p>§le projet de loi portant création, organisation et fonctionnement des offices à caractère social, culturel et scientifique ; §le projet de loi portant gestion de l'eau en République du Bénin ; §les projets de loi portant loi de règlement définitif du budget de l'Etat, gestion 2001 et gestion 2002 ; §le projet de loi organique fixant la liste des hauts fonctionnaires de l'Etat dont la nomination est faite par le Président de la République en conseil des ministres ; §les questions adressées au Gouvernement ; §divers projets de loi portant autorisation de ratification d'accords de crédits et de conventions. Honorables députés, Mesdames et Messieurs, J'attends de chacun de nous une disponibilité totale et un souci permanent de privilégier dans nos propositions et nos décisions l'intérêt supérieur du peuple béninois. Il y va de la crédibilité de l'Institution Parlementaire. Le monde entier nous regarde ; notre peuple nous observe et nous n'avons pas le droit de décevoir ses attentes. Je ne saurais terminer sans réitérer ma profonde reconnaissance à tous nos partenaires au développement pour la diligenceavec laquelle ils ont toujours répondu aux nombreuses sollicitations de notre pays et le soutien qu'ils lui ont toujoursapporté pour la résolution des grands problèmes sociaux et économiques que rencontre la Nation Béninoise. Je reste convaincu que leur appui nous sera toujours garanti. En souhaitant pleins succès à nos travaux, je déclare ouverte la deuxième session ordinaire de l'année 2008. Vive la Démocratie ! Vive le Bénin !