Remaniement ministériel spécial
Colette Houéto limogée pour «incompatibilité d'humeur»
Le chef de l'Etat, le Dr Thomas Boni Yayi a limogé son ministre des Enseignements primaire et secondaire Mme Colette Houéto hier. Le communiqué de la présidence de la République parvenu à notre rédaction précise que la décision du chef de l'Exécutif béninois est motivée par la préservation de la cohésion de l'équipe gouvernementale et le respect de l'autorité de l'Etat. Mais on apprend Houéto a été relevée de sources dignes de foi, que c'est pour «incompatibilité d'humeur» que Colette de ses fonctions.
Christophe D. ASSOGBA
Le limogeage du ministre des enseignements primaire et secondaire a surpris beaucoup de Béninois hier dont même des membres du gouvernement du Dr Thomas Bon Yayi. Un des ministres de Yayi Boni qui était à la fête de l'igname dans la journée d'hier à Savalou a appris comme beaucoup de Béninois le limogeage de son collègue dans les médias. Là n'est pas le problème. Que s'est-il passé pour que le chef de l'Etat, le Dr Thomas Boni Yayi décide à la surprise générale de limoger son ministre des Enseignements primaire et secondaire ? Beaucoup de Béninois s'interrogent encore. La raison avancée par le communiqué de la présidence de la République est que l'autorité de l'Etat a été bravée et la cohésion de l'équipe gouvernementale menacée. On se rappelle que le gouvernement s'était doté d'une charte de bonne conduite et que tout membre du gouvernement qui enfreint les règles fixées dans ce code est passible de punitions diverses. Le ministre Colette Houéto a-t-elle passé outre les mesures contenues dans la charte commune du premier gouvernement du changement ? Il semble qu'il n'en a pas été ainsi. Le ministre Colette Houéto aurait été limogée pour d'autres situations. Selon des sources bien informées, Colette Houéto a été relevée de ses fonctions pour diverses raisons. Des sources concordantes estiment que les nominations effectuées ces dernières semaines par l'ex-ministre n'ont pas respecté l'orthodoxie du changement. Les mêmes sources précisent que le chef de l'Etat aurait rappelé son ministre à l'ordre par personne interposée par rapport à aux récentes nominations qu'elle a effectuées aussi bien dans son cabinet que dans les directions sous tutelle. Le ministre aurait raconté à qui voulait l'entendre qu'elle a bravé le chef. A la passation de service du Directeur de cabinet entrant, celui-ci aurait tenu des propos similaires qui sont tombés dans les oreilles du chef de l'Etat qui a aussitôt interpellé son ministre. Cette dernière aurait confirmé les propos de son collaborateur. C'est la première raison. Est-ce la goûte d'eau qui a fait déborder le vase ? Assurément non ! Le second mobile est que le ministre Colette Houéto, en sa qualité de doyenne d'âge du gouvernement avec 67 ans (le chef de l'Etat a 54 ans) aurait refusé d'exécuter certaines missions à elle confiée par le président de la République, estimant qu'à son âge, elle ne peut pas se faire commander n'importe comment. D'autres sources précisent que c'est pour «incompatibilité d'humeur» que le N° 1 béninois a décidé sans même consulter presque personne de se séparer de son ministre des Enseignements primaire et secondaire. Cette dernière raison semble la plus vraie d'autant plus que c'est elle qui a été présentée aux membres du bureau de l'Assemblée nationale et sur laquelle le président du Parlement, Antoine Kolawolé Idji et ses collègues membres du bureau se sont tablés pour donner leur avis favorable. Le bureau de l'Assemblée nationale qui s'est réuni hier au domicile du président Antoine Kolawolé Idji à Cotonou a donc motivé la décision du premier magistrat de la République sur la base «d'incompatibilité d'humeur» et non sur une quelconque menace sur la cohésion de l'équipe gouvernementale ni sur un non respect de l'autorité de l'Etat. Au demeurant, il faut signaler que le ministre Colette Houéto aura passé 124 jours au gouvernement non sans avoir engagé des actions et réformes que va poursuivre certainement sa remplaçante, Mme Evélyne Sossouhounto Epse Kaného, Inspectrice de l'Enseignement secondaire, précédemment en service à la direction de l'Inspection pédagogique.
Article publié dans l'Evénement Précis