Intranet
Une arme contre les maux de l'administration
L'intranet fait figure de parent pauvre dans l'administration béninoise.
Christophe D. ASSOGBA
Agé de 18 ans, Germain passe son baccalauréat ce mois. Jusque-là, il n'a toujours pas obtenu sa pièce d'identité qui lui donnera accès à la salle de composition. «J'ai fourni les pièces requises et les frais de quittance d'un montant de 2.400 F Cfa pour me faire établir ma carte d'identité civile. Cela fera bientôt un mois et aucune suite n'est donnée à ma demande. Mon examen est déjà là. Quand je me rends à la préfecture de Cotonou, on me dit toujours que ce n'est pas prêt et de revenir demain. Je n'ai même pas la possibilité de vérifier à quel niveau se trouve mon dossier», se plaint-il. Samuel, 19 ans, qui a aussi son Brevet de technicien supérieur (Bts) en communication a passé, vit la même situation que Germain. «Je ne sais pas la situation de mon dossier. Les jours passent. Un ami m'a dit que si j'avais fais un geste à l'agent, j'aurais obtenu depuis ma pièce d'Etat civil. C'est ce que cet ami a fait», affirme-t-il. Dans certains endroits du monde, les gens ne perdent pas le temps ni n'éprouvent pas des difficultés pour se faire établir une pièce ou vérifier l'évolution d'un dossier de candidature. Dans ces pays, tout est en réseau grâce aux technologies de l'information et de la communication. Au Bénin, ce n'est presque pas le cas. Rare sont les services de l'Etat en réseau. Les institutions de la République ne sont pas connectées entre elles. L'intranet n'est pas encore une réalité au Bénin. Dans le document-cadre sur la réforme administrative au Bénin, il est dit qu'à terme du processus de réforme de l'administration publique, tous les ministères et autres institutions devraient être en réseau par le biais de l'Internet. Actuellement, seul le ministère de l'Environnement et de la promotion de la nature (Mepn) est en réseau. Les autres, pas encore : quelques bureaux, notamment les cabinets des ministres et quelques directeurs centraux ont accès à l'Internet.
«...on gagne du temps»
L'intranet est un système formé de plusieurs réseaux locaux qui permet le partage de l'information au sein des institutions d'un pays. Selon M. Alain Capo-Chichi, spécialiste et consultant en Tic, le partage de l'Information sur la toile dans les institutions de l'Etat évite aux agents des déplacements de bureau en bureau. «L'avantage est qu'on gagne du temps dans le travail et de garder les agents sur place», déclare Alain Capo-Chichi. D'après ses explications, l'intranet permet aussi de contrôler les absences et les présences des agents au service. Dans le même ordre d'idées, le professeur Roger Gbégnonvi de Transparency International Bénin affirme : «L'administration doit travailler en synergie. L'Internet est fait pour cela. Il fait gagner du temps parce qu'il facilite la proximité dans l'espace. Si en restant assis dans le bureau, vous envoyez des documents importants à un collègue ou au supérieur hiérarchique, cela revient beaucoup moins cher que prendre la voiture».
«...c'est le contact qui facilite la corruption»
Et ce n'est pas tout. «L'intranet rend plus transparente l'administration. Les procédures communes sont gérées de façon automatique. Un usager qui soumet un dossier doit pouvoir vérifier à quel niveau il est. Il n'a pas contact avec les agents parce que c'est le contact qui facilite la corruption. Les systèmes de bases de données permettent donc de couper le contact entre les usagers et les agents en vue de limiter la corruption», indique le spécialiste Alain Capo-Chichi. Il ajoute : «Si vous soumettez un dossier et on vous donne des délais, après vous pouvez vérifier sans vous déplacer. Si le travail n'est pas fait, vous avez la possibilité d'envoyer un message au supérieur hiérarchique de l'agent en charge du dossier qui pourrait demander des comptes à son collaborateur» «Aujourd'hui, c'est le mercredi, le président de la République n'est pas au pays. Le conseil de ministres peut avoir lieu grâce à l'intranet. Le président et les ministres absents peuvent depuis où ils se trouvent participer et même défendre des dossiers», conclu Alain Capo-Chichi qui utilise les Technologies de l'information et de la communication (Tic), depuis des années, pour accroître les prestations de son entreprise.
Christophe D. ASSOGBA
Journaliste / Communicateur/ Analyste politique
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