Le chef de l'Etat malien, Amadou Toumani Touré (ATT) a officiellement lancé les travaux du forum ministériel mondial sur la recherche pour la santé. C'était hier au centre international des conférences de Bamako en présence de nombreuses personnalités membres d'organisations internationales impliquées dans le secteur de la santé et de la recherche.
Le forum ministériel mondial sur la recherche pour la santé a démarré ses travaux. C'est le chef de l'Etat malien Amadou Toumani Touré qui a lancé les hostilités. Il était entouré pour la circonstance de son Premier ministre malien, de Luis Sambo, directeur Afrique de l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la Science et la culture (Unesco), du représentant de la Banque mondiale, de Mme Aissatou Touré, présidente du Conseil de la recherche en santé pour le développement et de Mme Margaret Chan, directeur général de l'Organisation mondiale de la santé. Le thème centrale de ce forum est: «Renforcer la recherche pour la santé, le développement et l'équité». Cette rencontre internationale qui se tient quatre ans après le sommet ministériel sur la recherche en santé qui a eu lieu à Mexico en 2004 a pour but de conduire à de nouvelles perspectives pour la recherche et l'innovation pour la santé. Le forum vise à développer la cohérence et la coordination au niveau mondial et national entre les nombreux acteurs impliqués dans la recherche et l'innovation pour la santé, renforcer la capacité d'action des gouvernements nationaux à développer une recherche pour la santé qui soit systématique et prioritaire, tout en en faisant intégralement partie des systèmes de recherche plus généraux. Il a également pour objectif de faciliter et de renforcer les capacités nationales en matière de gestion des connaissances, de la gouvernance en recherche et d'élaboration de politiques fondées sur des données fiables et promouvoir la confiance du public dans la recherche pour la santé et soutenir la participation d'organisations de la société civile dans l'établissement du programme mondial de la recherche. Il est essentiellement question de passer en revue les différents progrès réalisés depuis 20 ans et en particulier les engagements pris lors des conférences précédentes. C'est l'occasion pour les participants (plus de 1000) de mettre l'accent sur les défis actuels à relever et de replacer la recherche en santé dans le contexte de la recherche pour le développement. Lors de la cérémonie d'ouverture qui a mobilisé personnalités politiques et diplomatiques, chercheurs et experts de différents secteurs liés à la santé, les représentants des partenaires du forum ont tour à tour souligné l'importance de la recherche dans le développement des nations. «L'appel à l'action de Bamako est un résultat de la réunion que tout le monde attend avec impatience. Il est à mon sens très judicieux que cet appel à l'action voue une attention particulière aux besoins pressants de l'Afrique en matière de santé et à la capacité que doit avoir la recherche de répondre à ces besoins. Il est également approprié à mon avis que ce forum de haut niveau visant à renforcer la recherche pour la santé, le développement et l'équité se tienne au Mali, un pays confronté à des problèmes de santé pressants, dont beaucoup sont liés à la pauvreté ou l'accentuent», a affirmé le Dr Luis G. Sambo. «La recherche est une stratégie essentielle qui peut nous aider à atteindre l'objectif de la santé pour tous de différentes façons : en fournissant de nouveaux produits et médicaments encore meilleurs, en élaborant des politiques de santé qui soient actuelles et mieux pensées et en apportant aux patients les connaissances nécessaires pour prendre de bonnes décisions à propos de leur santé. Cette conférence se penchera sur les grands défis que rencontre la recherche en matière de santé. Notre attention se portera également sur la manière dont il faut organiser la recherche, la mener et la gérer afin de relever ces défis», a déclaré Mme Aissatou Touré. Elle ajoute : «l'objectif final de la recherche pour la santé, nous l'avons dit, est une meilleure santé pour tous. Mais pour y arriver, il faut la participation de tous les acteurs issus des différents secteurs et disciplines. Des acteurs importants du paysage de la recherche pour la santé, pourtant souvent oubliés, sont les organisations qui représentent les intérêts de certains groupes de la société à savoir les organisations de la société civile. Elles sont essentielles pour réaliser le potentiel de la recherche pour la santé». A son tour, le président malien a d'abord au nom de ses pairs africains souhaité la bienvenue à ses hôtes. Il a ensuite rappelé les circonstances dans lesquelles se tient le sommet de Bamako. Il aussi souligné l'importance de cette rencontre pour le Mali ainsi que le continent africain et le monde entier. Selon Amadou Toumani Touré, de nombreux défis restent à relever en matière de santé en Afrique. Il a cité entre autres les fardeaux endémiques que sont le paludisme, le Vih/Sida et la tuberculose. A cela s'ajoutent les virus «émergents» comme les fièvres hémorragiques et la grippe aviaire, les épidémies liées aux changements climatiques et les maladies chroniques comme le cancer, l'hypertension artérielle et le diabète. «Un système de recherche performant serait la meilleure approche de prévention et de gestion de ces épidémies et de ces endémies qui peuvent entraver notre développement. Tout en saluant les efforts remarquables déployés par les pays du Nord et les Pays émergents dans la recherche contre ces fléaux, il est important de souligner la nécessité pour l'Afrique de d'engager dans un processus plus volontariste de maîtrise de la science et de la technologie au service de la santé», a affirmé ATT. Tout en se réjouissant des initiatives menées depuis le forum de Mexico en 2004, le président malien estime que le forum de Bamako doit servir de plate-forme mondiale pour un plaidoyer en faveur de la recherche africaine en santé. «Ce renouveau de la recherche en santé passe par le renforcement des politiques et systèmes de recherche dans les pays en développement et le développement des compétences locales et une meilleure collaboration et coordination entre les acteurs publics, privés et la société civile», a indiqué ATT. Très convaincu que les succès déjà enregistrés inspireront les travaux de ce forum afin que la Déclaration de Bamako inaugure une nouvelle ère en faveur de la recherche pour la santé, le développement et l'équité, le président ATT a rendu un hommage aux chercheurs africains en santé pour leur courage et leur esprit d'imagination en dépit des maigres moyens. Au demeurant, il a renouvelé son soutien pour la construction de la Maison de la recherche et de la gestion des connaissances à Bamako, une institution qui permettra de rapprocher les chercheurs des décideurs politiques et symbolisera la réussite de la tenue du forum de Bamako. Au cours de ce forum qui prend fin le 19 novembre 2008, les participants adopteront un agenda qui servira de levier pour un renouveau de la recherche pour la santé et dans d'autres domaines connexes.
Christophe D. ASSOGBA, depuis Bamako