• Dialogues américano-indonésiens : une nouvelle optique grâce à un centre innovateur
    par Faya Suwardi

    12 avril 2013


    Imprimer
    Envoyer

    Jakarta – « Ici, aux Etats-Unis, les gens me posent souvent des questions à propos de l’islam, parce qu’ils sont curieux de connaître cette religion » affirme Salsabila Diar, étudiante d’échange indonésienne en Virginie, à qui on a demandé de parler de ses interactions avec les Américains dans le cadre d’une discussion organisée en février dernier par @america intitulée « L’islam en Amérique : opinions des jeunes ». La jeune femme a fait part de son expérience à l’étranger par Skype, la discussion se déroulant à Jakarta, dans les locaux de l’institut qui se trouvent dans le centre commercial Pacific Place Mall. 

    A la pointe de la technologie, @america a été inauguré en 2010. Ce centre culturel innovateur - le premier du genre dans le monde - organise régulièrement des conférences, auxquelles les visiteurs participent gratuitement, ainsi que des débats très interactifs sur une variété de thèmes allant de l’islam en Amérique à la musique grunge. Des ateliers spécifiques et des concerts s’y déroulent également et les étudiants indonésiens, qui voudraient poursuivre des études aux Etats-Unis, peuvent y obtenir de l’aide pour leurs démarches. Le travail de ce centre a favorisé les relations bilatérales entre l’Indonésie et les Etats-Unis et a permis d’atténuer les préjugés mutuels.

    Si les films, les chansons et la culture pop venant d’Amérique ont toujours remporté beaucoup de succès auprès des Indonésiens, ces derniers n’ont cependant pas forcément une bonne opinion des Américains. Parfois les mesures prises par les Etats-Unis sur le plan socio-économique ou international sont considérées comme défavorables à l’Indonésie et aux autres pays musulmans. L’intervention anti-terroriste menée par les Américains en Indonésie ou leur abstention dans le vote des Nations Unies sur le statut de la Palestine en novembre dernier en sont quelques exemples. Ces mesures confortent les Indonésiens dans l’idée que les Etats-Unis veulent être les maîtres du monde et qu’ils sont hostiles aux musulmans. 

    A travers ses initiatives, @america a néanmoins réussi à changer un peu cette image négative auprès de certains Indonésiens. La journaliste Suci Sekarwati, qui travaille pour le quotidien national Koran Jakarta, a déclaré récemment : « La discussion sur le thème de l’islam en Amérique, à laquelle je viens de participer, m’a montré qu’aux Etats-Unis, les musulmans jouissent des mêmes droits que les autres citoyens ». 

    Pour sa part, Aprillia Ramadhina, une passionnée d’art qui a participé à un grand nombre d’événements artistiques organisés au centre culturel, dit avoir été agréablement surprise face à l’accueil réservé aux artistes indonésiens par les Américains. « Ça fait plaisir de voir des musiciens indonésiens comme Gugun Blues Shelter [un groupe de blues qui commence à être connu aux Etats-Unis] se produire à @america. Cela montre que les Etats-Unis sont ouverts à la musique de chez nous », dit-elle.

    Se fondant dans la scène urbaine moderne indonésienne du fait de son emplacement dans un centre commercial, l’institut @america est facilement accessible et suscite un intérêt grandissant pour les relations entre Indonésiens et Américains sur le plan individuel.

    Cependant, l’atmosphère des locaux peut paraître parfois trop exclusive. Les murs sont dépourvus de fenêtres et les mesures de sécurité sont excessives : les visiteurs ne peuvent pas prendre leurs sacs avec eux à l’intérieur - même si ceux-ci sont scannés à l’entrée, ils doivent restés consignés dans des casiers prévus à cet effet. Ce climat met mal à l’aise certaines personnes et pourrait devenir contre-productif par rapport aux objectifs que s’est fixés l’institut. Il lui faudrait suivre l’exemple d’autres centres culturels établis à Jakarta, où les visiteurs sont autorisés à prendre leurs affaires avec eux et où l’ambiance des espaces ouverts est plus détendue. C’est le cas notamment de l’institut néerlandais Erasmus Huis ou du Goethe Institute allemand.

    Outre la volonté d’améliorer les relations avec les Indonésiens sur le plan individuel, les responsables américains ont choisi l’Indonésie pour lancer le concept d’un premier centre @america, pour deux autres raisons majeures. Selon John Y. Choi, attaché culturel adjoint auprès de l’institut, le choix s’est porté sur ce pays, d’abord parce que le nombre d’utilisateurs de réseaux sociaux y est élevé et que ce facteur correspond aux critères du concept innovateur de @america. Ensuite, parce que les étudiants indonésiens sont nombreux à vouloir poursuivre leurs études en Amérique.

    « Le nombre d’étudiants qui souhaitent connaître les Etats-Unis et les possibilités d’y étudier est très élevé en Indonésie. Nous avons aussi remarqué que ces jeunes posent leurs questions, expriment leurs idées ou leurs sentiments sur les Etats-Unis par le biais d’outils technologiques des plus récents », explique l’attaché culturel adjoint.

    Pour attirer les étudiants indonésiens aux Etats-Unis, le gouvernement américain a investi des fonds considérables afin de créer @america et de mettre en place des bourses d’études telles que le Kennedy-Lugar Youth Exchange and Study Program (YES) et le Fulbright Program. 

    Suci Sekarwati précise : « @america offre à ceux qui veulent étudier spécifiquement aux Etats-Unis de nombreux avantages. Quant au gouvernement américain, il a assoupli sa politique de visas pour les étudiants et les touristes indonésiens, qui avaient des difficultés à en obtenir un dans le passé ».

    Malgré ses petits défauts, @america illustre bien la bonne volonté des Etats-Unis à l’égard de l’Indonésie. L’interaction et la compréhension mutuelle croissantes feront que les relations respectueuses entre les deux pays s’amélioreront et finiront par aboutir à un partenariat plus fructueux.

    ###

    * Faya Suwardi est une journaliste indépendante de Jakarta. Elle a travaillé pour les rubriques sportives et économiques de Bola, de Sport Week, de Kompass.com et de Koran Jakarta. Article écrit pour Common Ground News Service (CGNews).

    Source: Service de Presse de Common Ground (CGNews), 12 avril 2013,www.commongroundnews.org.


    2 commentaires
  • Si petits, si ravageurs

    Ils sont si petits, moins d’un millimètre, mais ces insectes sont de véritables ravageurs de plantes dans de nombreux pays côtiers de l’Afrique de l’Ouest.

    Vous avez beau entretenu votre papayeraie ou cocoteraie, quand la cochenille ou l’acarien passe par là, il détruit tout sur son passage. Ces minuscules insectes exotiques et invasifs, constituent une vraie menace pour les cultures et les plantes dans de nombreux pays de l’Afrique de l’Ouest. La cochenille du papayer —Paracoccus marginatus, originaire du Mexique, a été localisée, pour la première fois, au Ghana et identifiée par l’Institut international d’Agriculture Tropicale (IITA), station du Bénin, vers la fin de 2009. Elle est, aujourd’hui, aussi répandue au Bénin, au Togo, au Nigeria, au Cameroun, au Gabon, en Sierra Leone et même signalée tout dernièrement au Sénégal. La proportion des plantes atteintes par cet insecte varie d’une région à une autre. En Afrique occidentale, il attaque plus de 80 espèces de plantes, arbres et arbustes.

    Au Bénin, tout comme dans beaucoup de pays, il s’en prend surtout au papayer cultivé dans les régions côtières du pays. De toutes les espèces de cochenilles identifiées et étudiées—Phenacoccus manihoti, Ferrisia virgata, Maconellicoccus hirsutus, Nipaecoccus viridis et Pseudococcus longispinus —, celle du papayer, se nourrit de plusieurs espèces végétales. Elle a la capacité de se multiplier avec ou sans accouplement et prolifère allègrement sous un climat tropical. C’est d’ailleurs pourquoi, qu’en saison sèche ses dégâts sont plus énormes. Jaunâtre, elle produit des mâles ailés à la différence de celle du manioc qui, elle, est rosâtre.

    Lorsqu’elle colonise la plante en saison sèche, la cochenille du papayer, très discrète pendant la saison des pluies, provoque la déformation et la chute des feuilles due à un champignon qui pousse sur une substance sucrée (miellat) rejetée par ces insectes piqueurs et suceurs. Graduellement privée de photosynthèse, la plante, en fin de compte, meurt.

    « La cochenille du papayer suce la plante, injecte une substance qui cause la déformation des feuilles et finit par mettre à nu la plante », déclare Dr Georg Goergen, Entomologiste, responsable de la collection d'insectes et spécialiste en biodiversité à l’IITA-Bénin.

    La papayeraie de Germain  Sinha, à Allada, localité à 40 kilomètres au nord de Cotonou, a fait les frais de ce terrible ravageur. L’an dernier, ce ravageur a complètement détruit ses deux hectares de vergers. Il n’a pratiquement rien récolté ni vendu. Bien au contraire, cette année-là, il a perdu une de ses sources de revenus et est sérieusement criblé de plus de 5 000 000 de francs CFA de dette qu’il continue de payer à une structure de financement de projet agricole de la place. Des troncs de papayers pourris, nids de nombreux termites et fourmis, jonchent encore le sol de cette plantation dévastée, pourtant, pourvue de système d’irrigation. C’est avec des larmes aux yeux que Germain raconte son calvaire. Il confie qu’il n’abandonnera pas cette production qui rapporte en moyenne 800 000 francs CFA à chaque récolte. Mais il devra encore s’armer de courage et trouver un remède aux cochenilles avant de reprendre sa plantation. Mais en attendant de reprendre son champ de papaye, il souffre durement.

    Selon Dr Goergen, en 2010, au Ghana, par exemple, 85 % des fermes de papaye dans les cinq principales régions productrices infestées ont été dévastées par la cochenille du papayer occasionnant des pertes de rendement moyen de 65 % et le rétrécissement des  plantations de 2500 hectares à 380 hectares. Environ 1700 personnes ont perdus leur job à cause de ce ravageur. Une épidémie du genre, si rien n’est fait, serait plus dramatique au Nigeria, deuxième producteur et sixième exportateur de papaye au monde.

    Il loge dans les bractées

    L’acarien du coco — Aceria guerreronis (Eriophyidae), quant à lui, originaire aussi du Mexique, fait également figure de grands ravageurs en Afrique. Plus petite (invisible à l’œil nu) que la cochenille du papayer, il loge dans les bractées c’est-à-dire les feuilles à la base de  la noix de coco, infecte la noix de coco à un mois et suce le contenu  des  cellules responsables de la croissance de la noix. Ainsi, les  dégâts  causés apparaissent  d’abord  sous  forme de triangles blanchâtres à la  lisière de  la  bractée de  la  noix. Ces  taches s’élargissent  et  jaunissent  puis  brunissent avec l’âge de la  noix.  La surface de la  noix,  au lieu de  demeurer lisse  est  désormais craquelée.  La  noix  devient  souvent tordue  et  demeure petite  comparée aux  noix  non attaquées. « Une noix de coco saine est lisse et a une couleur verte tandis qu’une noix infectée a la  surface rugueuse et  brune, faisant penser  à un dessèchement  naturel », indique Dr Ignace Zannou, Acarologue à IITA-Bénin.

    Des études menées par une équipe de chercheurs de IITA-Bénin, sous la direction de Dr Hanna Rachid, Entomologiste  et Dr Peter  Schausberger de  Universitat für Bodenkultur de Vienne, en Autriche, montrent que cet acarien provoque souvent la chute prématurée des jeunes noix de coco, réduit considérablement  la  taille des  noix, la perte de rendement allant jusqu’à 40 % et la mort des jeunes plants de coco. Dispersé dans la région par le transport des noix infestées par des courants marins, il est responsable aussi de la  dépréciation de la noix de coco sur le marché. Une  étude  socio-économique  conduite, en  2010, a  révélé  que  les  noix  ainsi attaquées sont si petites  qu’elles  sont  vendues  moitié prix.

    « Nous avons trouvé que le ravageur endommage les fruits dans presque toutes les plantations au  Bénin et  en Tanzanie et le niveau d’infestation s’élève à plus de 80 % », affirme Dr Koffi Negloh, Acarologue à IITA-Bénin. Il précise : « 90 à 100 %  des  cocotiers  examinés au  sud du Bénin  sont  attaqués.  Le  pourcentage moyen  de  noix   attaquées avoisine  80 % ». 

    La plupart des noix de coco que vend dame Chimène Tchiakpè, au bord du trottoir de l’esplanade du stade de l’Amitié de Kouhounou, à Cotonou sont petites, tordues et craquelées. C’est la même chose chez dame Justine Bignon, à l’entrée de la plage de Fidjrossè, à Cotonou qui dit avoir remarqué que les grosses noix de coco, bien vertes et lisses contiennent souvent beaucoup plus de lait de coco que les petites noix. Elles s’approvisionnent toutes à Togbin, village  côtier qui a perdu presque toute sa cocoteraie en raison de l’érosion côtière.

    En Côte d’Ivoire, premier exportateur de produits cocotiers (coprah et noix entières) en Afrique, avec une production annuelle de 65 000 tonnes de coprah chaque année pour 50 000 hectares de cocoteraie, une maladie —Phytophtora katsurae,affecte aussi les cocotiers. Le Centre national de recherche agronomique (CNRA) de ce pays a mis au point  des méthodes de lutte efficace contre les ravageurs et les maladies.

    Ne résistent pas devant des ennemis naturels

    La cochenille du papayer et l’acarien du coco sont redoutables mais ne résistent pas devant des ennemis naturels  (prédateurs ou parasitoïdes). Une étude menée par IITA-Bénin et publiée dans Biocontrol News and Information, en 2011, fait état des ennemis naturels avérés de la cochenille du papayer. Deux petites guêpes, de presque même taille (entre 0.8 mm et 1.2 mm) que la cochenille du papayer, tuent celle-ci en déposant un œuf par cochenille, la transforme en pupe d’où émerge par la suite une nouvelle guêpe adulte.

    Une campagne de lâchers de ces micro-guêpes, financée par la Direction du Développement et de la Coopération Suisse (DDC), sera bientôt menée par l’IITA-Bénin, dans six pays côtiers du Golfe de Guinée (Bénin, Cameroun, Gabon, Ghana, Nigeria et Togo).

    « Les premiers lâchers de guêpes dans des sites pilotes au Ghana ont donné des résultats très probants. Il se sont traduits par une chute immédiate des populations de cochenilles au point que les producteurs ont immédiatement arrêté de pulvériser des insecticides pour permettre aux parasitoïdes de substituer l’action chimique. Nous pensons que la lutte biologique contre ce ravageur est plus salutaire que l’utilisation de pesticides », déclare Dr Goergen.

    « L’idée n’est pas de faire disparaître la cochenille mais de maintenir le niveau du ravageur très bas comme c’est actuellement le cas pour la cochenille du manioc. Faire éradiquer le ravageur revient à faire disparaitre les parasitoïdes », indique-t-il.

    Concernant l’acarien du coco, IITA-Bénin, dans le cadre du projet « Lutte intégrée contre l’acarien du coco », financé par le Gouvernement  Fédéral d’Autriche puis par VetoWotro (Netherlands Organisation for Scientific Research), un organisme Néerlandais dont les  résultats sont publiés dans plusieurs journaux  internationaux, notamment « Experimental  and  Applied  Acarology,  Biological Control … », depuis 2007.  Les  recherches dans le  cadre de ce  projet  ont permis la  découverte de trois acariens prédateurs de ce ravageur de  coco au Bénin, en  Tanzanie, au Brésil  et  au Sri Lanka. Bien que les premières  identifications  aient  montré  des  similitudes entre  ces prédateurs, des  études morphologiques, moléculaires et biologiques  ont permis de  choisir  l’espèce  Neoseiulus  baraki,  originaire  du Brésil comme  agent  de  lutte contre l’acarien de coco. Cet ennemi naturel qui, selon Dr Negloh et Dr Zannou, colonise assez rapidement les  noix  à la  suite du  ravageur, est efficace pour décimer l’acarien du coco. « On a la conviction que le prédateur peut faire le travail », a dit Dr Negloh.

    Selon Dr Zannou et Dr Negloh, de mars 2011 à avril 2012, des lâchers expérimentaux du prédateur  N.  baraki effectués dans 6 plantations, dans les localités de Ouidah, Grand Popo et Owodé au Bénin montrent que les prédateurs sont efficaces contre le ravageur. « Les  résultats  à  ce  jour  montrent  que le prédateur s’est établi dans  ces  plantations  et  commence  à se  disperser », déclare Dr Zannou et Dr. Negloh. Mais il faut attendre encore deux ans pour évaluer la dispersion du prédateur dans les  parcelles adjacentes puis  dans les  plantations  voisines  des  champs d’expérimentation, évaluer l’impact du  prédateur  sur la  population du  ravageur  A.  guerreronis et faire  une  étude  comparative sur la  production des  noix.

    Christophe D. Assogba


    2 commentaires
  • Les mouches des fruits pires que les virus

    Au Bénin, des insectes ravageurs envahissent les vergers depuis des décennies dans les régions productrices de fruits dans tout le pays mais surtout au nord et au centre. Les spécialistes ont mis au point différentes méthodes de lutte intégrée pour venir à bout de cette gamme variée de ravageurs appelées  « les mouches des fruits » qui s’attaquent à beaucoup d’espèces fruitières. Un projet régional, intitulé WAFFI (West African Fruit Fly Initiative), mené par l’Institut International d’Agriculture Tropicale (IITA) et le Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad) est mis en œuvre depuis plusieurs années par Dr Jean-François Vayssières, ses assistants Dr Antonio Sinzogan, Dr Appolinaire Adandonon, Mme Cinthia Kikissagbé et une équipe de plusieurs techniciens (à  Cotonou et à Parakou) afin de lutter contre ces ravageurs redoutables.

    Il y a quelques années, quand les spécialistes n’avaient pas encore trouvé des remèdes, Lolo et Léonide, planteurs de mangues à Parakou, localité située à 435 kilomètres au nord de Cotonou, désespérés, se débarrassaient simplement des « arbres malades ». Ils n’avaient pas d’autres solutions face aux ravages des mouches des fruits.  Ainsi, ils ont détruit des centaines de manguiers dans leurs vergers à l’entrée de la ville et à la sortie en direction de Malanville au haut-nord du Bénin. Aujourd’hui, l’abattage systématique des arbres malades n’est plus, pour eux, le remède pour lutter contre les mouches de fruits. Ils ont abandonné cette pratique préjudiciable à leur survie au profit de solutions plus efficaces ne nécessitant pas du tout l’abattage des arbres infectés. Et leurs vergers, à perte de vue, essentiellement composés des variétés de mangues greffées et ordinaires ne souffrent plus tellement des ravages des mouches des fruits.

    Quand celles-ci piquent les fruits, elles créent des tâches noires à partir desquelles commencent, au bout de quelques temps, à la fois le développement des larves et la pourriture du fruit qui devient impropre à la consommation. On en recense environ quarante espèces en Afrique de l’Ouest mais Bactrocera invadens (Diptera Tephritidae), très bon voilier, est celle qui remporte aujourd’hui la palme en matière de menace pour les fruits. Les autres espèces notamment celles du genre Ceratitis (Diptera Tephritidae), d’origine africaine, occasionnent moins de dégâts que Bactrocera invadens, espèce invasive, originaire du Sri Lanka et détectée en 2004 au Bénin par des chercheurs de IITA. 
    De grande taille (~1 cm), Bactrocera invadens, présente deux lignes jaunes sur le thorax avec un abdomen orangé et des ailes pourvues d’une nervure anale bien distincte.

    Ses ailes sont en grande partie transparentes, sans taches tandis que les cératites, petites ont des taches sur les ailes et un scutellum bombé tacheté de jaune et de noir. 
    Avec une durée de vie de trois à quatre mois environ, les femelles de Bactrocera invadens piquent les fruits à l’aide d’une sorte d’aiguille (ou ovipositeur) pour  déposer des œufs dans la pulpe du fruit. Ces œufs donnent ensuite des larves qui se nourrissent de la pulpe pendant plusieurs jours avant de quitter le fruit pour s’enfouir dans le sol et se transformer en pupes. Les cératites ont les mêmes caractéristiques mais avec une durée de vie de deux à trois mois.

    Suspendus aux arbres

    Les mouches des fruits s’attaquent aux agrumes, aux mangues, aux annones, aux goyaves, aux papayes, aux noix du karité et à d’autres fruits locaux. Mais les mangues et les agrumes constituent leur terrain de prédilection de sorte qu’elles font subir des pertes physiques importantes qui diminuent la production commercialisable tenue par de petites exploitations familiales. En 2006, la production de mangues est estimée à ~ 2 300 ha de manguiers au Bénin avec 90 % de mangues greffées (2 070 ha) et 10 % de mangues non greffées (230 ha). Malgré toute cette production, seule une vingtaine de tonnes sont exportées chaque année exclusivement vers le Niger.
    Comment identifier, parmi les quarante espèces qui sévissent dans la région ouest-africaine, celle qui pose plus de problème ?

    La détection des mouches des fruits passe par le piégeage qui se fait de plusieurs manières. Il existe huit types de pièges testés au Bénin et plus d’une dizaine d’attractifs disponibles sur le marché et qui marchent fort bien. Ces pièges sont répartis en deux catégories : pièges à sec contenant des attractifs sexuels et des pièges à liquide contenant des attractifs alimentaires. Les pièges sont pour la plupart de simples récipients de formes géométriques différentes (cylindriques) à couvercle avec une surface attractive associée à un dispositif pour les attractifs. Deux ou trois orifices sont faites tout autour du récipient pour permettre aux mouches des fruits d’atteindre les attractifs.

    Suspendus aux arbres, à une hauteur d’homme et à une distance de 40 mètres l’un de l’autre pour éviter toute interaction entre les attractifs  et dissimulés dans le feuillage afin de faciliter l’entrée des diptères à l’intérieur, ils ne doivent pas recevoir les rayons du soleil surtout ceux à liquide qui ont besoin de rester à l’ombre. L’installation des pièges nécessitent, entre autres, la présence d’un équipement météo dans le verger, la présence d’au moins trois différents fruitiers, la présence d’un gardien permanent sur le site d’une superficie d’environ 6 hectares et l’absence de toute culture proche nécessitant l’utilisation d’insecticide notamment le coton.  Les premiers pièges ont été posés  au Bénin en 2005 et avec le projet WAFFI un peu plus de 200 ha de vergers de manguiers et d’agrumes ont été suivis de 2009 à 2011. L’efficacité des pièges est assurée par les attractifs qui attirent les mouches. Les mouches des fruits capturées sont déterminées au laboratoire.

    D’après les explications de Jean-François Vayssières, biologiste et entomologiste, responsable du Projet régional de lutte contre les mouches des fruits (WAFFI) à IITA-Bénin, le piégeage de détection permet de suivre « les fluctuations de populations de mouches des fruits tout au long d’une année. Il permet aussi de prévoir le déclenchement des  méthodes de lutte intégrée au moment opportun lorsque le Seuil Economique de Nuisibilité (calculé à partir du nombre de captures du piégeage de détection) a été dépassé».

    Les ravageurs consomment la moitié de la campagne

    Redoutables ravageurs, les mouches des fruits causent des pertes énormes aux filières fruitières au Bénin et un peu partout en Afrique de l’Ouest. « La moyenne des dégâts enregistrés sur sept fruitiers en 2006 allait de 17 % en début avril à 80 % en juin », souligne Dr Vayssières. En 2005 et 2006, les pertes de production du manguier ont dépassé 50 % en milieu de campagne.  Selon les calculs de ce  spécialiste à la tête d’une équipe de chercheurs sur les mouches de fruits dans 9 pays de l’Afrique de l’Ouest (Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Guinée, Ghana,  Mali, Niger, Sénégal, Togo), les ravageurs consomment chaque année la moitié de la campagne. « En début de campagne à début avril, on enregistré 10 à 12 % de dégâts. A la première quinzaine de mai, plus de 50 % de dégâts et pour les variétés tardives 80 à 90 % ».

    Les planteurs subissent des manques à gagner énormes chaque année. Il arrive qu’ils ne récoltent rien subissant des pertes de revenus considérables. Chaque année les mouches de fruits détruisent des centaines de tonnes de mangues et autres fruits au Bénin. En 2006, les pertes des mangues greffées  représentent 7 038 tonnes  soit 422 280 000 francs CFA et les pertes des mangues non greffées s’élèvent à 506 tonnes soit 12 650 000 francs CFA. Le total cumulé des pertes s’élève à 434 930 000 francs CFA soit 663 000 euros. « Avant les pertes sont énormes mais maintenant grâce au traitement que nous faisons, ça va mieux », confirme Imorou Safiou, un des employés dans les vergers de mangues de Discadam à Parakou. Les producteurs ne sont les seuls à subir les pertes. Les vendeuses aussi : « Lorsque nous allons nous approvisionner nous faisons bien le tri pour ne pas acheter des mangues piquées par les mouches qui pourrissent vite et occasionnent beaucoup d’avaries », a dit maman Jacqueline, vendeuse de fruits, légumes à Sainte Rita, un quartier de Cotonou.

    Ils éloignent les ravageurs des fruits

    Le pouvoir destructeur de ces insectes ravageurs est si fort que, depuis quelques années, une équipe de IITA-Bénin tente de les traquer dans leurs derniers retranchements. Les chercheurs ont mis au point plusieurs techniques à la fois avec des traitements phytosanitaires (avec un insecticide d’origine biologique le GF-120), avec des vecteurs biologiques (utilisation d’ennemis naturels que ce soit des fourmis ou des parasitoides) et d’hygiène phytosanitaire des vergers. « Ce n’est pas une seule technique de lutte qui peut venir à bout du problème des mouches de fruits. Les méthodes de lutte intégrée combinées permettent de maintenir les dégâts de ces ravageurs à un niveau très inférieurs au Seuil Economique de Nuisibilité », déclare  Vayssières.

    L’un des remèdes proposés aux planteurs pour lutter contre ces mouches des fruits est le « Success Appat » ou « GF-120 Fruit Fly Bait ». Ce produit est un mélange de substances alimentaires (arômes de fruits, eau, sucres et protéines) et un insecticide naturel, à base de bactéries, capable d’attirer et de tuer les mouches de fruits présents dans un verger. « C’est un produit qui comporte 98 % de jus de fruits associé à 2 % d’insecticide naturel obtenu par la fermentation d’une bactérie du sol. Il est efficace et permet d’être utilisé dans les fermes avec le label d’agriculture biologique », affirme Vayssières.

    Lorsque la mouche consomme cette mixture, elle meurt rapidement en moins d’une heure. Un litre de GF-120 permet de traiter un hectare de verger. Le traitement se fait avec un pulvérisateur manuel à pression entretenue d’une  capacité de seize litres dans lequel le produit est dilué avec de l’eau, à raison d’un litre pour cinq litres d’eau. Le traitement à base de GF-120 se fait huit semaines avant le début de la campagne fruitière après la nouaison du fruit. 
    C’est en 2006 et 2007 que ce produit a été testé au Bénin (dans les vergers du Borgou) pour la première fois avec des résultats positifs, assure le responsable du projet WAFFI. « Les traitements hebdomadaires des vergers ont permis de réduire les dégâts dus aux mouches de fruits d’environ 80 % dans les vergers traités par rapport aux vergers témoins ou vergers sans traitement», précise-t-il.


    Une hygiène phytosanitaire des vergers en vue de réduire dès le début de la campagne la pression parasitaire est aussi pratiquée. L’hygiène phytosanitaire, souvent associée à l’épandage de GF-120, se fait pendant la récolte et les fruits piqués sont systématiquement détruits. « L’utilisation combinée des traitements GF-120 et des récoltes sanitaires a réduit le taux d’infestation de 95 % dans le Borgou en 2008 », assure les chercheurs du projet WAFFI, dans une étude publiée en 2012 dans la revue Fruits.
    Le contrôle  et la destruction des ravageurs se font aussi à l’aide d’ennemis naturels. 

    Dans le cadre de la lutte intégrée, IITA-Bénin a identifié plusieurs organismes  (prédateurs ou parasitoïdes) capables d’éliminer les mouches des fruits. Concernant les prédateurs, il s’agit d’abord des fourmis tisserandes ou Oecophylla longinoda (Hymenoptera Formicidae). « Nous avons démarré depuis 2005 l’étude des fourmis tisserandes. Cette étude a montré l’efficacité des fournis rouges dans la réduction des dégâts des mouches de fruits », a dit le spécialiste.

    Il ajoute que pour éviter les morsures des fourmis lors de la cueillette, il suffit d’arroser les arbres car les fourmis n’aiment pas l’eau ; ou de nourrir les fourmis au pied des arbres avec des intestins de poulets ou bien encore d’utiliser de la cendre sur les mains et les pieds pour les éloigner. « Les fourmis tisserandes font un travail fantastique. Non seulement elles capturent les larves des mouches des fruits mais, en plus, de par les signaux chimiques  qu’elles émettent, elles éloignent les ravageurs des fruits. Les femelles de mouches des fruits  ont des réactions de répulsion lorsqu’il y a des fourmis à côté d’elles ou sur les fruits. Cela a été testé au laboratoire et confirmé sur le terrain à de nombreuses reprises.

    De plus ces fourmis oecophylles sont aussi très utiles dans la lutte contre les ravageurs des agrumes (mouches des fruits, chenilles, etc) et contre les ravageurs des anacardiers (punaises, chenilles, etc)», précise Dr Vayssières. « La gestion et l’utilisation des fourmis rouges constituent un outil bien adapté au développement durable des systèmes pérennes d’Afrique sub-saharienne grâce à leur efficacité, leur disponibilité permanente et leur large distribution », lit-on dans une des fiches techniques produites par WAFFI pour le compte de l’IITA-Bénin. Le  projet WAFFI a bénéficié et bénéficie de l’assistance de plusieurs bailleurs de fonds dont actuellement l’UEMOA et DANIDA. Signalons que DANIDA finance aussi un projet intitulé « Increasing value of african mango and cashew production using weaver ants ». Ce projet danois permet aussi la formation de jeunes étudiants Béninois à travers des thèses en collaboration avec l’Université d’Abomey Calavi (FSA – Cotonou).

    En dehors des fourmis rouges, des parasitoïdes (Fopius caudatus, Psyttalia spp, Fopius arisanus) et des champignons (Metarhizium) parviennent à tuer les mouches des fruits. Une petite guêpe tue la mouche en pondant à l’intérieur de l’œuf de la mouche qui éclot et se développe au détriment de la mouche pour finalement émerger à la place de cette dernière. Le projet WAFFI prévoit d’élever en très grande quantité ces micro-guêpes et d’organiser des lâchers massifs.

    Quant au champignon,lorsque la spore entre en contact avec la larve, la pupe ou l’adulte, il germe, pénètre dans la cuticule et croit dans le corps de la mouche entraînant la mort de celle-ci. Dans ce cas, il est préconisé l’utilisation des champignons dans des pièges aériens pour contaminer les adultes et l’épandage des champignons dans le sol afin de contaminer les larves et pupes des mouches. La première option (les spores dans les pièges aériens) est celle qui a été préférée par le projet WAFFI et qui sera bientôt développée.

    Et ce n’est pas tout : on peut aussi utiliser des insectes stériles (des mâles) contre les mouches des fruits. Une autre technique est de récolter précocement les fruits ou de le protéger avec un sac en papier transparent avant que le fruit ne murisse.

    «  Les méthodes de récoltes sanitaires, de luttes biologique et IPM (avec le GF-120) sont compatibles entre elles et marchent très bien dans le cadre de la lutte contre les mouches des fruits associées aux manguiers et agrumes. Nous sommes à même de sortir des vergers pilotes pour travailler à l’échelle d’un bassin de production fruitier. Il est important de travailler à une grande échelle pour optimiser la lutte contre les mouches des fruits produire des fruits sains », conclut Dr Vayssières.  

    Christophe D. Assogba

     


    2 commentaires
  • Bénin

    Le meilleur accouchement est traditionnel

    Une récente étude dévoile les bienfaits de l’accouchement vertical ou traditionnel. L’étude réalisé par Prometra international (une Ong de promotion des médecines traditionnelles) constate que la multiplication des cas d’accouchements difficiles dans les hôpitaux du Bénin est liée à la méthode d’accouchement pratiquée notamment celle horizontale. L’étude, financée par Bill & Melinda Gates Foundation, porte sur les connaissances, les perceptions et les pratiques communautaires relatives à l’immunisation.

    L’équipe de chercheurs, coordonnée par, M. Calixte Adé, phytothérapeute et président de Prometra Bénin (une des 27 représentations de Prometra International), qui a mené cette étude, en est venu à la conclusion que le meilleur procédé d’accouchement est celui traditionnel qui facilite le travail et évite à l’enfant et à la mère la souffrance et la soumission à une intervention césarienne, une opération souvent à risques dans les centres de santé et les hôpitaux du Bénin. « L’accouchement vertical permet à l’enfant de tomber comme un fruit. Au niveau traditionnel, on ne coupe pas le cordon ombilical avant la délivrance contrairement à ce qui se fait dans les hôpitaux », a déclaré Dr Eric Gbodossou, président de Prometra International et expert en médecine traditionnelle, lors d’une conférence de presse, le vendredi 17 août 2012, dans le cadre d’un atelier de dissémination de l’étude, qui a mobilisé de nombreux leaders d’opinion, guérisseurs et chefs de cultes traditionnels.

    Pour aboutir à cette conclusion, les chercheurs ont mené les enquêtes dans 20 communes réparties sur trois départements du Sud Bénin (Atlantique, Mono et Couffo) et interrogés des dignitaires de culte vodun et des praticiens de la médecine traditionnelle, des leaders d’opinions, des mères et pères d’enfants. Grâce aux données recueillies, les chercheurs ont pu établir les différents types d’accouchements et relever que celui horizontal en vigueur dans les hôpitaux fait beaucoup souffrir les enfants et les mères et occasionne parfois des césariennes. L’accouchement vertical ou traditionnel, facile, est préconisé à l’horizontal.

    Au Bénin, selon l’Oms (l’agence des Nations Unies qui s’occupe des problèmes de l’enfance), le nombre de naissances, en 2010, est de 350 000 enfants contre un taux de mortalité néonatale de 32 %. Par ailleurs, l’étude a aussi proposé des solutions pour prévenir la maladie chez l’enfant de la maternelle à l’âge préscolaire. Il s’agit entre autres des protections traditionnelles, du bain protecteur, du bain rituel, de l’alimentation équilibrée, de l’allaitement maternel associé à des aliments à base de céréales après 6 mois, de l’allaitement maternel exclusif plus de la tisane jusqu’à 6 mois. Par ricochet, c’est une nouvelle approche de l’immunisation (tout apport exogène et endogène qui peut permettre de consolider, de fortifier le système de défense de l’enfant) qu’elle met ainsi en avant.

    Il faut souligner, enfin, que cette étude qui fait partie du projet « Plaidoyer en immunisation : sauver les vies des enfants africains », réalisé dans trois pays de l’Afrique de l’Ouest (Bénin, Nigeria et Sénégal), ont aboutit presque au même résultat.

    Christophe D. Assogba


    2 commentaires
  • Protection des ressources naturelles du parc de la Pendjari

     

    Un complot en préparation contre le Bénin

     

    • En septembre 2011, les avigref ont invité le Mehu à agir pour sauver le parc

     

    • La mafia faunique en difficultés jette le masque

     

     Depuis plusieurs mois, la gestion des ressources naturelles et plus précisément celle du parc national de la Pendjari suscite auprès de certains compatriotes des commentaires et des acritiques acerbes dénués de tout fondement. Le débat autour des réformes courageusement engagées pour la préservation de ce patrimoine national est devenu tellement passionné qu’on y voit des mains expertes invisibles pour semer la confusion, la désinformation et tenter ainsi de noircir les nobles initiatives mises en œuvre pour sauver ce qui peut encore l’être au niveau des réserves naturelles de notre pays. Malgré toutes les tentatives infructueuses de dénigrement et de remise en cause de la décision de l’autorité, la mafia faunique a choisi enfin de jeter le masque. La dernière trouvaille a été de faire de l’intoxication à travers la publication de fausses informations sur le net afin de provoquer la colère des partenaires techniques et financiers qui soutiennent la gestion du parc national de la Pendjari. Une pétition a été d’ailleurs ouverte à cette fin pour servir la cause de ceux-là qui ont toujours profité de la faiblesse de l’Etat pour détruire les maigres ressources dont le Bénin peut encore se prévaloir.

     

    De quoi s’agit-il ?

     

    Deux mois environ après sa nomination à la tête du ministère de l’environnement, de l’habitat et de l’urbanisme, Blaise Ahanhanzo-Glèlè, suite aux informations qui lui parvenaient et qui font état de graves menaces qui pèsent sur les ressources naturelles, a effectué deux tournées dans les départements de l’Atacora-Donga et du Borgou-Alibori. La deuxième descente du ministre le 11 Septembre 2011 lui a permis de se rendre dans le parc de la Pendjari en compagnie du directeur général des forêts et des ressources naturelles (Dgfrn), du directeur technique du centre national de gestion des réserves de faune (Cenagref), du directeur du parc de la Pendjari et des maires des 2KP (Kérou, Kouandé et Péhunco) et du député Issa Azizou, ex directeur général des forêts et des ressources naturelles. Le constat unanimement fait  par ces différentes autorités se résume par l’occupation de la zone dite tampon par des agriculteurs, les menaces sur les animaux surtout les éléphants qui font l’objet de chasse ciblée et la descente fréquente des prédateurs de la nature c’est-à-dire les exploitants forestiers qui ont jeté leur dévolu sur les espèces rares protégées existant dans ce parc. Au terme des explications données par les uns et les autres sur le terrain pour éclairer le ministre de l’environnement, il a été convenu qu’il faut prévenir afin d’arrêter les menaces réelles sur le parc de la Pendjari qui attirent beaucoup de touristes car les actions destructrices de l’homme font fuir des espèces rares d’animaux vers d’autres pays comme le Burkina-Faso. Après la visite du parc, le ministre a convoqué une réunion avec le personnel du Cenagref en poste dans l’Alibori élargie aux gardes faunes et aux membres de l’Avigref. Que de déballages ! A cette séance, les gardes faunes ont dénoncé la mauvaise gestion du parc, l’injustice et les menaces que profèrent à leur endroit leur supérieur hiérarchique qui n’est autre que le directeur du parc dans l’exercice de leur fonction. Ils ont également fait part au ministre de la diminution persistante et inquiétante du nombre d’animaux dans le parc sans oublier plusieurs mois d’arriérés de salaire qui leur sont dus. Le représentant des avigref présent a simplement lâché que le parc de la Pendjari est constamment en danger. Cette séance de travail qui s’est achevée très tard dans la nuit a failli dégénérer parce que furieux, les gardes faunes ont décidé de dire toute la vérité à l’autorité et d’en subir les conséquences plus tard. Le directeur du parc a été tout simplement confondu par ses propres agents qui ont pu démontrer qu’il n’a aucune feuille de route dans la gestion de ce vaste patrimoine national. Le 12 Septembre 2011 à Ouassa Péhunco, les maires des 2KP ont demandé au ministre Blaise Ahanhanzo-Glèlè de parer au plus pressé pour arrêter l’hémorragie qui détruit les réserves naturelles de notre pays. Faut-il rester inactif devant un tel appel ? Mieux, à une descente inopinée au niveau du parc de la Pendjari le ministre de l’environnement, de l’habitat et de l’urbanisme a surpris dans la réserve un camion frigorifique en stationnement et des expatriés Burkinabè qui s’adonnaient à la pêche. Les intéressés ont reconnu être dans une zone réservée interdite à la pêche.

     

    Le ministre de l’environnement a pris ses responsabilités

     

    Face à ce spectacle désolant, le ministre de l’environnement, de l’habitat et de l’urbanisme a pris ses responsabilités pour sauver le parc de la Pendjari.  Plusieurs réunions avec le cabinet ministériel ont permis à l’autorité de prendre la décision de nommer deux intérimaires en lieux et places des directeurs des parcs W et de la Pendjari.  Une feuille de route a été assignée à ces intérimaires en attendant l’aboutissement du processus de recrutement des nouveaux directeurs des deux parcs. Il s’agit entre autres de restaurer l’autorité de l’Etat dans la surveillance rigoureuse des parcs, de protéger réellement les zones cynégétiques réservées interdites de chasse et d’assurer la protection des espèces rares pour permettre aux parcs de conserver leur état de réserve naturelle. Pour marquer la présence effective de l’Etat dans ces parcs et éviter le scénario de l’île de Lété, le ministre de l’environnement a donné des instructions pour que des forestiers soient déployés tout le long du périmètre de la frontière entre le Bénin et ses voisins. C’est le tollé général dans le rang des prédateurs de la nature et de leurs complices. Le processus de cogestion est devenu un prétexte pour dénier à l’autorité son droit de regard sur la gestion des parcs W et de la Pendjari.

     

    Du faux, de l’intoxication et de la désinformation

    La décision prise par le ministre de l’environnement, de l’habitat et de l’urbanisme n’a rien à voir dans le principe de la cogestion qui reste intégral. La preuve, la réserve est surveillée par des équipes mixtes composées des agents de l’Etat et des riverains. Les forestiers sont des agents de l’Etat. Le droit d’accès contrôlé aux ressources et le bénéfice à l’utilisation durable de la réserve des populations riveraines est maintenu et sauvegardé, les bénéfices du tourisme sont partagés entre l’Etat et les populations riveraines. Plus concrètement, ils bénéficient :

    -          du versement aux Avigref des 30% des recettes issus du parc ;

    -         du contrôle des recettes du parc par l’U-Avigref ;

    -         de la participation de l’U-Avigref aux prises de décision (Planifications, réunions du comité de développement de la RBP, réunion de comité de surveillance présidé par le Secrétaire exécutif de l’U-Avigref ; etc.)

    -         de la participation des CPL (Chasseurs Professionnels Locaux) aux activités de surveillance du Parc ;

    -         de la mise à la disposition de la Direction du Parc National de la Pendjari (DPNP) par l’U-Avigref de la main d’œuvre non qualifiée pour les travaux d’aménagement et de collecte des données ;

    -         de la préservation des emplois des populations riveraines au niveau de la DPNP ; 

    -         du droit d’usage des populations riveraines sur les ressources de la ZOC (Zone d’Occupation Contrôlée);

    -         de la remise aux populations des carcasses des animaux abattus au cours de la chasse sportive ;

    -         etc.

    Le braconnage et le passage des bouviers dans le parc qui ne datent pas d’aujourd’hui connaissent quand même une meilleure surveillance.

     

    La preuve de la manipulation et de l’anti-patriotisme

    De ce qui précède, on comprend que l’objectif visé par la mafia est de saboter les efforts qui sont faits par le Ministère de l’Environnement, de l’Habitat et de l’Urbanisme et le Cenagref pour la préservation des aires protégées notamment la Réserve de la Biosphère de la Pendjari sinon comment comprendre que ce soit les mêmes avigref qui avaient demandé au ministre Blaise Ahanhanzo-Glèlè de prendre ses responsabilités face aux menaces sur le parc de la Pendjari qui alimentent aujourd’hui la polémique. On ne peut vouloir une chose et son contraire à la fois. Pourquoi, les avigref  exigent que l’autorité les consulte avant de relever un cadre de l’Etat de ses fonctions ? C’est à croire que les avigref participent au processus de recrutement des directeurs des parcs nationaux. Ce qui n’a jamais été le cas selon nos sources. C’est regrettable que la finalité de cette manipulation est de bloquer les financements extérieurs en direction de la protection des réserves naturelles du Bénin. C’est cela la vérité malgré les efforts de l’équipe en place qui traque tous ceux qui violent la réglementation en vigueur au niveau du parc de la Pendjari.

     

    Aziz Tchénagnon

     

     


    2 commentaires