• <?xml:namespace prefix = o ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:office" /><o:p> </o:p> Culture maraîchère à Cotonou
    Le gagne pain de certaines femmes

    La production maraîchère à Cotonou n'est pas l'apanage des hommes. Certaines femmes pratiquent cette activité et s'en sortent bien. Enquête.


     Christophe D. ASSOGBA
    Site de l'Agence de sécurité pour la navigation aérienne (Asecna) sis au quartier Houéhiyo dans le  13ème arrondissement de Cotonou. Il s'en va être dix-huit heures. Ce mercredi 24 mai 2006.  Le soleil aux rayons doux, comme à pareille heure, se fraye un  passage dans le ciel pour aller se coucher. A l'horizon, il forme déjà  un disque rougeâtre qui fait mal aux yeux au moindre regard.  C'est à cette heure  que Jeanne H., la cinquantaine révolu, jupe bleue, chemisette rouge, donne la dernière ration en eau à son périmètre de légumes. Elle transpire. De grosses goûtes de sueurs dégoulinent de son front. Imperturbable, elle  s'empresse de terminer l'arrosage de ses quatre vingt dix planches avant la tombée de la nuit. «Je m'adonne à cette activité depuis plus de vingt ans. Je cultive plusieurs variétés de légumes. La laitue, les choux et les carottes sont mes spécialités», explique-t-elle sans baisser les bras. A une centaine de mètre d'elle, Florence K., la quarantaine bien sonnée, pieds nus,  qui a fini d'arroser ses quatre-vingt planches,   profite des derniers rayons du soleil pour arracher  les mauvaises herbes de son terrain de culture. Elle est  aidée par une fillette de neuf ans qui se charge de les rassembler  dans une vieille bassine déteinte. «Moi, je  fais ce travail depuis que j'étais jeune fille.  Cela fait maintenant  vingt ans». Les parcelles de Florence et de Jeanne sont à plus de cinq kilomètres  de leur lieu d'habitation. Chaque matin, elles empruntent un taxi et arrivent à leur lieu de travail vers huit  heures,  pour y retourner dans la soirée, à dix-neuf heures.  Le site sur lequel  les deux femmes travaillent  est un grand domaine morcelé en plusieurs lots. «Nous sommes environ 70 femmes ici. Les hommes sont plus nombreux que nous. Chacun d'entre nous dispose environ cinquante planches. Certains en ont plus que ça», poursuit-elle. Cet espace de production maraîchère est un marécage qui au fil des années de production maraîchère devient petit à petit une terre ferme. Avant d'atteindre les parcelles de Jeanne et de  Florence, il faut accepter surtout en cette saison des pluies, de plonger le pied dans l'eau boueuse. Les deux femmes soulignent que le travail est difficile. «Ma plus grosse peine, dit Jeanne H., est  l'arrosage. Cela  fatigue beaucoup. C'est très dur. Il faut arrose au moins trois fois par jour». « En dehors de l'arrosage, nous sommes confrontés à la mévente. Il arrive que le planche de carotte  ou de choux qu'on vend d'ordinaire à 5000 francs chute jusqu'à 3000 francs», renchérit Béatrice D. qui  a sa parcelle dans le grand jardin (côté droit en entrant sur le site) et qui  exerce  aussi  cette activité depuis plus de trente ans. Le site de l'Asecna est organisé en coopérative. On compte environ cinq dans le centre. Jeanne, Florence et Béatrice sont membres de la coopérative «Mahougnou» composée uniquement de femmes (30 femmes environ). Les autres coopératives sont composées majoritairement d'hommes. Les femmes sur ce site ne cultivent pas les mêmes légumes. Certaines s'adonnent uniquement aux légumes feuilles (laitue, choux, persil, vernonia, poivron, crincrin, «gboman et fotètè» en langue fon). D'autres cultivent les légumes fruits (carotte, concombre, haricot vert, navet, betterave, courgette etc). Mais la plupart cultivent à la fois  les deux variétés de légumes. Malgré les difficultés auxquelles sont confrontées ces femmes, elles reconnaissent que c'est grâce aux revenus générés par cette «passionnante» activité, qu'elles arrivent à subvenir à leurs besoins et à élever leurs enfants. «C'est le fruit de ce travail qui me permet de manger et d'envoyer mes enfants à l'école. Mon fils aîné âgé de dix-huit ans est en classe de 2nde. Le benjamin  fait le Ce1», déclare Florence. Elle ajoute : «C'est avec les revenus de cette activité que mon mari et moi avons construit notre maison de Godomey (une banlieue de Cotonou)». Même son de cloche chez les deux autres femmes.
    «Je ne me plains pas»
     A l'instar de Florence, Jeanne et Béatrice, d'autres femmes, sur d'autres sites, tout en faisant face à des difficultés, gagnent leur vie à travers le maraîchage.  C'est le cas de Romaine G., installée sous les hautes tensions de la Communauté électrique du Bénin (Ceb) à Kouhounou Sètovi. La quarantaine,  cette femme est à la fois productrice et vendeuse. «Le terrain n'est pas grand pour produire beaucoup. Avec le peu d'argent que je gagne, j'arrive à m'occuper de mes cinq enfants. Je ne me plains pas. C'est à la mort de mon mari que j'ai commencé cette activité. Sinon avant, mon mari produit et moi je vends», déclare-t-elle. Cyprienne D., installée sur le site du quartier Cadjèhoun, travaille au milieu d'une quarantaine d'hommes. «Ce n'est pas du tout facile de travailler avec les hommes. Mais on fait avec. J'essaye d'éviter les problèmes en respectant les règles du groupe», affirme-t-elle. «Je travaille ici il y a plus de vingt ans explique-t-elle. Après moi, beaucoup de personnes sont venues s'installer.  Je dispose d'une trentaine de planches. L'arrosage est ma plus grande difficulté. Je me fais aider par mes enfants les jours où il n'y a pas classe. Les laitues  et les jeunes pousses demandent beaucoup de travail. Tu dois les arroser trois à quatre fois par jours. La vente de mes produits me permet de faire beaucoup de chose». D'autres sites sont repartis dans la ville. Près de cent cinquante femmes sur plus de sept cent  hommes pratiquent la culture maraîchère, souligne un agent du Centre communale de promotion agricole de Cotonou (Cecpa). Selon l'ancien Vice-président du site de l'Asecna, Bernardin Tékodjina, le centre compte 334 maraîchers dont 72 femmes. La production maraîchère annuelle à Cotonou est estimée à environ  3629,69 tonnes sur une superficie emblavée de 31,50 ha. «Mais cette production risque de diminuer en raison de la  pénurie des terres due à la poussée urbaine c'est-à-dire à l'extension des zones bâties, à une absence de politique de sécurisation des terres», explique cet agent polyvalent  du Cecpa.
    «Nous ne vendons pas vers l'extérieur»
     Les produits de l'activité de ces femmes approvisionnent les différents marchées de Cotonou et les localités avoisinantes. «Les clients viennent des marchés Dantokpa, Ganhi, Gbégamey, St Michel et autres.  Quelques fois, des clients viennent de Bohicon et Abomey pour venir acheter nos produits. Pour le moment, nous ne vendons pas vers l'extérieur. Les prix des produits fluctuent souvent. Actuellement, les planches de légumes «gboman» et «fotètè» coûtent respectivement  2500 f et 500 f», affirme Jeanne H. qui dispose  depuis quelque temps d'une moto-pompe  pour offrir la ration journalière  en eau aux légumes feuilles et légumes fruits. «Au contraire, ajoute-t-elle, les produits de Lomé et du Nigeria viennent nous concurrencer sur le marché. Ce qui fait que les prix chutent et la mévente s'installe. Si ce n'est pas les produits de l'extérieur qui envahissent de plus en plus le marché, nous serons plus à l'aise que nous le sommes maintenant. Il faut que les autorités nous aident pour que nos produits ne soient pas rejetés au détriment de ceux de nos voisins de l'Est et de l'Ouest».  Selon la responsable du Cecpa de Cotonou, Mme Virginie Assogba Miguel, ces femmes braves, par leur activité,  participent à la lutte contre la pauvreté et au développement du pays. «Leur activité, ajoute-elle,  est  très rémunératrice.  Elles gagnent leur vie avec cela. C'est des emplois ainsi qui sont créés. Depuis le 02 février 2006, cette activité est organisée en filière. Tous les maraîchers de la capitale économique sont membres d'une structure dénommée Union communale des maraîchers de Cotonou (Ucomac)». Mais, il faudra à ces femmes en particulier et aux maraîchers en général, des  subventions et des crédits  pour se doter en outil de travail performant et  accroître leur production.  
    Cet article a gagné le premier prix des meilleures productions de presse béninoise 5ème Edition
    2006 du Ministère de la Communication et des nouvelles technologies.
    Christophe D. ASSOGBA
    Journaliste / Communicateur/ Analyste politique
    Tel : (229) 97648206
    e-mail : assochrist2002@yahoo.fr
    http://assogba.blogg.org
     
       

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  • Manque d'eau potable à Loulè1
    «L'eau» de tous les dangers
    L'eau. L'eau potable fait cruellement défaut à Loulè1, un village sis à plus de 200 km de Cotonou. Les quelques rares points d'eau de la localité, on ne peut plus souillés, constituent un grave danger aussi bien pour les hommes que pour les animaux.

    Christophe D. ASSOGBA

    Loulè1, village situé à 2 km à l'Est de Dassa-Zoumé, cette grande ville du Bénin connue pour ses collines attractives et sa grotte mariale, haut lieu de pèlerinage annuel pour des milliers de chrétiens catholiques du monde. Samedi 30 novembre 2005. Seize heures. La chaleur est des plus intenables. Dans les concessions, les femmes s'affairent à leurs habituelles tâches ménagères pendant que des hommes élevaient les murs d'une église évangélique. L'eau en cet instant précis est plus que nécessaire. Nécessaire pour les femmes qui, en une longue file, se rendent à la pompe moderne installée par le service local de la Société national d'eau du Bénin (Soneb), à la place de la pompe manuelle qui était un véritable sport pour les femmes et un handicap pour celles âgées. Assiba, la première à déposer sa bassine, ouvre le robinet. Son geste ne trouve aucune réponse. Seulement, un bruit, mais qui n'annonce point d'eau. Pas m^me une goutte d'eau ne jailli du robinet. La pompe n'est pourtant pas hors d'usage. «Nous avons marre de cette pompe», se lamente une femme, un bout de chou morveux au dos. C'est ainsi tous les jours. Les deux robinets de l'arrondissement, l'un nez à nez avec le cimetière principal ne fonctionnent pas à plein temps. Colères des défunts ? Nappe épuisée ? Rien de tout cela. Quoi donc ? Les femmes ne savent pas. Mais du coup, des déboires pour les 3500 âmes de Loulè1 ou boire de l'eau, de l'eau potable est un casse-tête chinois. Presque aucun puits dans le village. Ceux qui existaient ont tari au fil des années. L'architecture physique du sol, dur, rocailleux et parsemé de petites collines constituent en soi une entrave pour le forage des puits. «Il est difficile de creuset des puits dans le village. Le sol est très dur et pour trouve la nappe il faut creuser des dizaines de mètres», affirme Ignace Kossoun, chef d'arrondissement. Difficile donc pour ces âmes qui vivent dans la misère. La souffrance liée à la recherche de l'eau constitue le lot quotidien de ces habitants. «Le mos dernier, nous avons fait dix-huit (18) jours sans voir la couleur de l'eau de pompe», a confié avec une pointe d'indignation et de déception le sieur Paul Editchom, un natif du village rencontré sur les lieux.

    Eau souillée

    En cette période de saison sèche, de chaleur ; ou l'harmattan annonce ses couleurs avec des alternatives de froid, les habitants de cette localité, pour pallier le manque d'eau ne se torturent pas la tête. Contraints et tenaillés par le besoin en eau, ils jettent leur dévolu sur les plans d'eau qui n'ont pas encore tari. «Nous buvons l'eau des marigots», déclare un villageois. «C'est même devenu une coutume pour nous de boire l'eau des bas-fonds et étangs piscicoles», renchérit un autre visiblement satisfait. Ainsi, en groupe, dans un bavardage interminable, femmes mères et enfants bravent distance, chaleur, fatigue et autres risques pour aller loin dans la brousse puiser de l'eau. Pour aller dans ces points d'eau, ils empruntent des sentiers tortueux, gravissent parfois de petites collines. Au retour, cette eau dans des bassines renflées, décolorées, des bidons est utilisée pour faire le ménage. De temps en temps les hommes viennent aider les femmes en chargeant les bidons sur les bicyclettes. Si des cérémonies coutumières ou des fêtes religieuses pointent dans la période, elles s'en servent aussi pour la cuisson des aliments. Le comble, c'est que sur ces eaux poussent des nénuphars et autres plantes aquatiques qui ne cessent de dégager une odeur pestilentielle. Qui plus est, ces eaux sont le plus souvent chargées des pesticides de nitrates ç cause de la proximité des champs de maïs, de riz, de coton. Aucun doute. Ces plantes bénéficient de l'utilisation parfois abusive des pesticides et des engrais pour leur croissance harmonieuse. En dehors de cela, ces plans d'eau constituent des bassins privilégiés où femmes, jeunes filles, et enfants rabougris, aux visages ridés par la misère viennent hebdomadairement faire la vaisselle et laver leurs loques ; où même les quelques rares bœufs des éleveurs peuls, viennent s'abreuver. D'après les populations de Loulè1, des offrandes aux fétiches sont faites aux abords de ces marigots pour conjurer les mauvais sorts ou implorer la bonté des dieux tutélaires et des ancêtres. Les produits utilisés (huile, sang d'animaux immolés), se retrouvent dans les eaux à la faveur des pluies. Au bout du rouleau, les habitants contractent des maladies microbiennes.

    Maladies

    En cette période, les gens de loulè1 sont la proie de nombreuses maladies. Leur santé est constamment menacée. «Nous recevons beaucoup de malades de ce village. Ils souffrent le plus souvent de la diarrhée, et font des vomissements. Les enfants surtout», a affirmé Ernest Balaro, infirmier à l'hôpital de Dassa. A cela s'ajoutent d'autres affections d'origine hydriques comme la bilharziose. «La plus grave maladie dont souffrent les habitants de ce village est la dracunculose. Elle affecte les femmes», ajoute-t-il. Selon Paul Editchom, elle a tué beaucoup de personnes cette année. «J'ai même perdu une de mes épouses à cause du temkoko vers de guinée en Idaasha langue de la localité», a assuré Samuel, le cultivateur, la voix crispée et chargée de douleur. Ces maladies accroissent la misère et la souffrance de ces âmes qui ne dispose que d'un petit dispensaire pour les soins primaires. «Nous voulons boire l'eau potable comme nos frères qui sont à Cotonou. Nous souffrons beaucoup. Nos enfants sont tout le temps malades. Nous voulons des bornes fontaines à défaut des robinets pour chaque famille», plaide Samuel croit toujours pouvoir boire un jour de l'eau potable dans son village.


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  • Construction d'infrastructures publiques au Bénin
    La vache à lait des corrompus
    <?xml:namespace prefix = o ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:office" /><o:p> </o:p>Modification de plans, réduction d'épaisseur du bitume, sous- dosage du béton, mauvaise qualité du matériel de finition...Les pratiques frauduleuses caractérisent de plus en plus les travaux de construction d'infrastructures publiques au Bénin.  Les structures de contrôle ferment les yeux.
    Christophe D. ASSOGBA
    <o:p> </o:p>Alain est entrepreneur en génie civil. Chaque année, c'est plus de 15 millions de francs Cfa de revenus qu'il gagne dans les travaux de constructions de routes et d'écoles. «Je gagne beaucoup d'argent maintenant, se réjouit-il. Si on fait les choses dans la transparence je n'aurai jamais eu tout cet argent pour mon entreprise». Au Bénin, les projets de construction d'infrastructures sont le plus souvent mal exécutés. La grande partie des fonds alloués pour les travaux passe dans les poches des responsables du projet. Beaucoup de personnes profitent de l'argent du contribuable béninois et des partenaires au développement. En fait, les entreprises qui gagnent les marchés sur la base des appels d'offres ne respectent pas à la lettre les cahiers de charge. Si les travaux ne sont pas abandonnés, le plus souvent, ils sont mal exécutés. Les plans des bâtiments sont le plus souvent modifiés. Le béton sous- dosé. Quand il s'agit d'une route, l'épaisseur du bitume est réduite. Parfois de moitié : de 5 cm normalement à 4 ou 3 cm. Donc des millions de francs empochés. «Le prix de cession des marchés chez nous est insuffisant. Il faut rattraper. Pour la construction d'un centre de santé, c'est au moins 120 millions qu'il faut, mais on nous vend cela à 85 ou 90 millions. Voyez la différence. Donc, nous sommes obligés de voler dans le béton et autres», avoue Alain. En outre, les matériels de finition sont de mauvaises qualités. Après quelques mois d'usage, ils lâchent. Il faut changer ou réfectionner. Les planchers des immeubles, des écoles, des hôpitaux se fendillent, les toits, les plafonds coulent. Quant au goudron, il ne résiste pas sous le poids des charges des camions et autres gros porteurs. La route s'affaisse peu à peu. Conséquence : de multiples nids de poule. L'exemple des résidences MKII et Hassan II au campus universitaire d'Abomey-Calavi et du Boulevard de l'Europe à Cotonou sont patents. En bref, les infrastructures publiques réalisées à coût de milliards ne résistent pas à la durée. Où est donc le développement durable ?
    Impunité ne rime pas avec développement
    Le professeur Roger Gbègnonvi de Transparency International observe : «Tous les marchés publics sont des nids de corruption. Il faut payer quand on gagne. Celui qui a gagné un marché paye les 10% et fait les travaux avec les sous qui restent. Vous ne pouvez pas réclamer l'épaisseur du bitume. Ils réalisent ce qu'ils veulent. Si 5 ans après, il faut faire appel, on le fera et cela va recommencer». Même avis pour Martin Assogba, président de l'Ong Alcrer. «Il existe un grand fossé souvent entre ce qui est prévu dans le projet et ce qui est réalisé sur le terrain. Les responsables chargés d'exécuter les travaux font modifier les plans, ils corrompent les autorités sur toute la ligne pour frauder. Au bout du rouleau, le travail est mal fait. Plus personne ne pale». Yves, technicien en génie civil, explique : «l'entrepreneur négocie avec le bureau d'étude pour réaliser une épaisseur en dessous de ce qui est prévu et normal sans que le maître d'ouvrage chargé du contrôle ne sache. Parfois, celui-ci est aussi complice. Lorsqu'il s'agit d'un bâtiment, on aide le patron à voler sur l'épaisseur de la fondation et sur le dosage du béton. Au lieu de 20 cm on peut faire 15 cm». En général, les structures chargées du contrôle ferment les yeux sur ces pratiques frauduleuses et malhonnêtes. D'ailleurs, en l'absence d'un véritable contrôle, la pratique prend de l'ampleur. Les éléphants blancs sont là. Le comble, c'est que les entrepreneurs qui se livrent à ces vols sont fréquemment célébrés lors des cérémonies d'inauguration de ces infrastructures. Pourtant, le Code des marchés publics prévoit des sanctions pour ceux qui sont reconnus de pratique de corruption. Mais qui va punir qui ? Personne en clair, puisque tout le monde y bouffe. «Ces actes de mauvaises gouvernance, indique le professeur Roger Gbègnonvi, constituent un frein pour le développement du pays. Tant que le pillage des ressources des projets ne va pas cesser, le Bénin ne peut pas connaître un véritable développement». Malheureusement, ce sont les pauvres béninois qui payent le lourd tribut.    

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  • Tic au Bénin
    Un luxe pour les journalistes
    Les nouvelles technologies de l'information et de la communication demeure toujours un luxe pour les journalistes béninois tout comme le téléphone portable pour les populations.

    Christophe D. ASSOGBA
    Ludo travaille dans un canard de Cotonou. Chaque jour, il écrit ses articles sur feuille avant de les déposer pour la saisie. «Je ne sais pas saisir un texte ni naviguer sur Internet pour copier des informations se plaint-il. Malgré les ordinateurs à ma port »e, j'ai du mal à toucher à la souris». Qu'on le veuille ou non, les Tic font désormais partie de la vie. «Depuis quelques années, cette technologie est devenue une norme sociale», affirme le président de Amazone industrie, un spécialiste des Tic au Bénin. Les Tic ont souvent suscité une curiosité. «Mieux vaut mourir que de vivre ignorant», dit un proverbe africain. Au Bénin, le désintérêt pour les technologies de l'information et de la communication est très répandu dans le rang des journalistes. Ludo n'est que l'un des nombreux journalistes qui ne savent pas utiliser les Tic. On ne sait pas au juste combien sont dans le cas mais ils sont estimés à des dizaines de professionnels des médias et leur nombre augmente parce que les jeunes qui entrent dans la profession ignorent tout des Tic. Peu de professionnels des médias savent traiter un texte sur ordinateur. Dans les rédactions de la place, la majorité des journalistes continuent d'écrire leurs articles sur feuilles qu'ils déposent pour la saisie. Les seuls journalistes qui ont une certaine connaissance des Tic sont le plus souvent les chefs d'édition ou les secrétaires de rédaction. Dans certaines rédactions, c'est une obligation depuis quelques temps pour les journalistes d'aller sur la machine pour saisir leurs articles. «Chez moi, tout le monde est tenu de maîtriser l'outil informatique, le journaliste doit pouvoir au moins taper sur le clavier et manier la souris», a lâché Fernando Hessou, directeur de publication de Le point au Quotidien. « A la création de mon canard, j'ai refusé de recruter des opératrices de saisie pour contraindre mon personnel journaliste à l'utilisation du parc informatique», a déclaré le Directeur de publication d'un autre canard de Cotonou visiblement satisfait. L'une des nombreuses différences entre les journalistes étrangers surtout des pays développés et leurs confrères béninois sur le plan des nouvelles technologies tient au fait que les premiers maîtrisent parfaitement les Tic tandis que les seconds les ignorent presque. «Au cours d'un séminaire à Bamako, tous les journalistes présents avaient devant eux un ordinateur portable. J'étais le seul à ne pas en disposer dans la salle. D'ailleurs même si j'en avais un, je ne pouvais pas l'utiliser faute de sa maîtrise», confie Gérard Guédégbé, journaliste indépendant. Le phénomène est plus criard dans le secteur de l'audiovisuel. Les journalistes dans les radio et télévision de la place n'ont presque pas accès à l'outil informatique. Le traitement de l'information se fait à la main. Les émissions se préparent sur feuille. Le journal parlé et télévisé est rédigé à la main. D'ailleurs, il ne peut en être autrement, car il y a très peu de station numérique au Bénin. Aussi, la navigation sur Internet constitue-t-elle un casse-tête chinois pour les journalistes béninois. La plupart n'ont pas une adresse électronique ou courriel. Ceux qui en disposent, consultent leur boîte électronique très rarement. Au bout de quelques temps, ces boîtes sont simplement fermées par les sites qui les hébergent. Si vous envoyez un message par un Internet à un journaliste béninois, soyez rassuré qu'il ne vous répondra pas dans le délai voulu ou du tout pas. Par contre, les professionnels des médias au Bénin préfèrent le Gsm sur les autres nouvelles technologies. La grande majorité des journalistes ont un téléphone portable abonnés à l'un des quatre opérateurs Gsm sur le marché. Malgré la cherté des prestations des quatre opérateurs Gsm, certains ont en service deux voire trois lignes mobiles.

    Mieux vaut prévenir que guérir
    On définit les Tic comme tout ce qui a rapport à l'informatique. Celui-ci est la base même des Tic. Les technologies de information et de la communication englobent l'ensemble de tous les moyens qui permettent un accès facile et rapide à l'information et à la communication et à son traitement. En fait, les Tic sont venues démocratiser les anciennes technologies. Les Tic sont des outils qui existaient mais qui n'étaient pas accessibles à tout le monde. Aujourd'hui, elles ont un caractère public. Tout le monde peut en disposer. La révolution numérique a gagné tous les secteurs d'activités humaines. La presse, maillon essentiel de la société ne saurait rester en marge des technologies nouvelles. A ce titre, les journalistes béninois ne doivent non plus rester en marge de cette technologie. Ils ont tout intérêt à s'y adapter. «Les médias béninois seront plus professionnel à condition que les animateurs s'approprient les technologies de l'information et de la communication. C'est une donnée incontournable», déclare Hypolithe Amoussou, consultant en Tic. Mieux vaut donc prévenir que guérir. Selon lui, la professionnalisation de la profession passe inéluctablement par la maîtrise des Tic. «Le journaliste a beau savoir écrire un article, s'il ne sait pas manier la souris et taper sur un clavier il ne peut se targuer d'être un professionnel», conclu-t-il.


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  • Téléphone portable au Bénin

    Un ami plus qu'un ennemi

    Le téléphone mobile n'est plus un luxe pour les populations béninoises. Mais un outil incontournable.

    Christophe D. ASSOGBA

    Marc, 30 ans vit au Canada. Sa mère décède d'une crise cardiaque à Cotonou, à des milliers de kilomètres de son lieu de travail. «C'est grâce à un coup de fil reçu de mon frère sur mon portable, confie-t-il, que j'ai appris la disparition subite de ma mère». Monique qui travaille dans une maison de fabrique à Kandi à environ 600 km de Cotonou apprend l'hospitalisation de son père tout comme Marc au bout d'un coup de fil de sa maman. Aujourd'hui, le téléphone portable a conquis son droit de cité au Bénin. Il y a quelques années, on pouvait compter au bout du doigt les personnes qui utilisent le téléphone portable communément appelés «parmatoire» en raison de sa grosseur et du poids de ses batteries. Plus encombrant qu'un carton à chaussure, il coûtait les yeux de la tête. Seuls les «boss» pouvaient s'en offrir un. Aujourd'hui, plus de 500 mille portables sont en service au Bénin selon les estimations des différents opérateurs Gsm. Près d'un quart de la population béninoise utilise cet outil. Toutes les couches de la société sont abonnées au service de la téléphonie mobile. Jeunes, adultes et vieux utilisent cette merveille de la technologie. Actuellement, on compte presque davantage de portables que de lignes fixes.


    Une aubaine pour le commerce

    La vente d'appareils portables constitue une manne pour de nombreuses petites entreprises. Selon Gérard Kossou, gérant d'une boutique de vente de portables à Cotonou: «le marché du téléphone portable rapporte beaucoup d'argent. Nous faisons des chiffres d'affaires pas du tout mal». En fait, les Béninois dépensent aujourd'hui beaucoup d'argent pour s'acheter un portable que tout autre appareil électroménager, informe-t-il. 7 béninois au moins sur 10 sont abonnés à deux réseaux Gsm sur les quatre opérateurs sur le marché. «En 2004, nos clients à eux seuls sur les nombreux opérateurs que compte le pays ont passé dans l'année, 1,8 millions d'appels depuis leur portable», déclare Mohamed Dembele directeur technique de Télécel Bénin. Au niveau national, le téléphone portable rapporte des milliards chaque année aux compagnies téléphoniques, aux maisons de vente de portables et à l'Etat. Raison de plus pour que les acteurs considèrent le portable comme un ami.

    Une nouvelle langue

    Une bonne partie des millions de messages qui sont échangés entre ces outils ne circulent pas sous forme de parole, mais sous forme écrite. Au lieu de parler dans le combiné, la plupart des utilisateurs, surtout les jeunes, recourent aux Sms (Short Message service). Ce service leur permet, à un coût relativement bas, d'échanger de courts messages écrits et d'économiser leurs unités ou «crédits». Les adeptes du Sms utilisent un langage abrégé fait de combinaison de lettres et de chiffres qui retranscrivent la phonétique des mots. En moyenne, les abonnées de Télécel Bénin échangent 120.000 messages par mois soit 1.515.900 par an. Selon Gilles Chaffa, chargé de marketing à Areeba, les abonnés surtout les jeunes se servent des Sms pour envoyer «des messages amoureux, d'autres l'utilisent pour solliciter des rendez-vous et pour mettre un terme à une relation, d'autres encore pour prendre des nouvelles de leurs amis, parents». Le sociologue Eric Boni craint que l'orthographe et la syntaxe mutilés des Sms ne nuisent à la capacité des jeunes de lire et d'écrire correctement. Un avis que ne partage pas le chercheur Alfred Kpingla qui affirme que la mode des Sms «doit amener les jeunes à s'intéresser à l'écriture».

    Un ennemi moindre
    Si le portable est un outil utile sur le plan relationnel et dans le domaine des affaires, beaucoup de personnes en viennent à le voir non pas comme un ami mais comme un ennemi. «Il y a des gens qui ne peuvent pas se déplacer sans le téléphone portable parce que tenues d'être disponibles pour leurs employeurs ou leurs clients», lâche Véronique, secrétaire particulière d'un directeur de société de la place. Certaines personnes sont presque tout le temps au bout du fil pour recevoir des appels pour les patrons. Elles sont obligées de répondre aux appels quelque soit le lieu ou le travail qu'ils font. A ces désagréments, s'ajoutent les sonneries intempestives de ces appareils. Le Centre national pour la sécurité routière (Cnsr) à travers des spots publicitaires diffusés sur les écrans des nombreuses chaînes de télévisions et des affiches prévient que utiliser le portable au volant est aussi dangereux que conduire sous l'emprise de l'alcool. «L'utilisation de portable au volant devient une des causes d'accidents de la route», affirment Ibrahim Tamou, chef division prévention routière au Cnsr.

    Portables et cancer
    Le portable a-t-il des effets nocifs sur le corps des Béninois ? Les radiofréquences émises par les portables peuvent-ils rendrent malades les utilisateurs et provoquer des cancers ? Non répond Mohamed Dembele. «Aujourd'hui, aucun scientifique n'a démontré que l'utilisation du portable est nuisible à la santé. La poussière de Cotonou est plus nuisible que le mobile», affirme-t-il. Le «New Scientist», une revue scientifique paraissant aux Etats-Unis rapporte quant à lui que: «Malgré les récits alarmistes qui ont couru ces dernières années, la majorité des faits dont nous disposons laisse à penser que l'exposition aux radiofréquences n'a pas d'effet nocif pour la santé. Les études faisant état d'effets néfastes se sont révélées difficiles à reproduire». En attendant d'être fixés sur les effets du portable sur la santé, les scientifiques recommandent une utilisation modérée du téléphone mobile et déconseillent aux enfants de moins de 16 ans d'utiliser le portable en raison des risques sur leur système nerveux en croissance. Le portable exerce une influence manifeste sur la société béninoise notamment sur l'économie et les relations humaines. Comme les autres technologies de l'information et de la communication, il peut être soit un esclave serviable soit un maître exigeant. Cela dépend de l'usage qu'on en fait au jour le jour.

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